AVEC UN BEBE

Cette année-là, elle préparait son deuxième bébé. Au mois de juin, elle était au beau milieu de cette gestation. Elle ne se reconnaissait pas trop en comparaison de l'énergie démesurée qu'elle avait déployée la première fois mais elle gardait la même confiance obstinée dans le déroulement de cette affaire. Elle se disait aussi que c'était une bonne chose de l'avoir vécu seule la première fois car la présence du gentil samouraï lui faisait parfois perdre pied: dans l'épluchage des raisons, elle craignait de blesser son sentiment. Peut-être était-ce faux, elle ne savait encore l'affirmer. Cette gestation opérait une coupure peu nette dans sa vie. Soit elle ne se disposait pas à accomplir certaines activités projetées préalablement, qu'il faudrait reporter plus tard, soit, c'était le prétexte peut-être justifié, envisageable de toute façon de faire n'importe quelle modification à l'accomplissemen de ses activités quotidiennes! Elle ne pouvait plus trop décider de ces passages à l'acte mais seulement attendre d'être disposée à agir. Il lui fallait être très attentive à son corps souvent fatigué et ses états d'âme changeants. Curieusement, le premier avait l'air de ne pas se passer dans l'autre! En fait, elle aimait bien ce genre d'éxistence. Elle avait toujours eu tendance à s'en approcher et ce n'était qu'une bonne raison pour s'y complaire avec bonne conscience par surcroît! La grossesse était la raison majeure de son laisser-aller et elle saisissait qu'il pouvait y avoir bien d'autres raisons. Par exemple ne plus avoir à monter son cheval, plusieurs fois par semaine. Ou bien ne plus entreprendre ni accomplir de travaux conséquents prévus de longue date. Tout en sachant que ça pouvait être le début d'une "déchéance" progressive pouvant aussi mener jusqu'à une grande libération! Elle espérait pourtant ne pas tomber aussi bas que dans la "presque impotence" de la première grossesse!
Etait-ce alors son énergie qui parlait et décrétait le "hola"? Ou bien s'agissait-il seulement de l'état de gestation?... Les limites étaient imprécises.
Elle reconnaissait cependant qu'elle devait agir pour ne pas se perdre... Avant les grossesse, elle n'avait cessé de tenter de s'oublier, il était temps maintenant de récupérer ce qui était récupérable! Elle commençait à mieux savoir ce qu'elle voulait et il lui semblait important d'asseoir ses désirs sur un patrimoine personnel solide. Important aussi d'en reconnaître les failles où elle trébuchait si lamentablement! Un peu de sagesse s'immissait dans son esprit mais c'était insuffisant pour assurer la sérénité. On se fait tant et tant d'idées que la réalité contrecarre, pensait-elle.