mercredi 12 septembre 2007

DEBUSQUER L'ALIENATION

















4ème § - DEBUSQUER L'ALIENATION
La boucle de ma vie est refermée sur elle-même quand j'arrive dans ce lieu où j'ai déjà vécu vingt ans de ma jeunesse, il y a de ça trente ans auparavant! Aujourd'hui, me voici revenu... Je ne veux pas insister sur ce qui peut être imaginé à propos de ce que je vis chaque jour par ce retour! Un passé tellement présent que le présent réel en serait annulé! Je n'ai pas l'impression de vivre réellement entre ces murs, le retour du passé s'impose sans commune mesure!
Fais-je un séjour préparatoire en attendant une autre villégiature?... Je serais ici pour écrire l'histoire de mon existance à venir... Bien, me dira-t-on, très bien! Au moins, tu te prends en main! Tu sais te prendre en charge: tu construis ta vie!... Assurémment! Je n'ai rien d'autre à faire que cela!
En fait, c'est d'autre chose que je voudrais parler en prenant le stylo cette nuit! Je voudrais parler de ces choses existencielles... Mais l'écriture se sauve, elle n'est déjà plus là à se réclamer de ma vie, de mes heures, de mes minutes. Elle s'est éloignée sans rien dire jusqu'à disparaître dans un horizon improbable... Cette écriture de carnet intime, cet intime de l'écriture de mon autodiscours, celle que j'aime bien écrire ici de cette calligraphie fine, allongée, serrée de ses lettres pressées dans les carreaux de la page d'un bord à l'autre. Les mots font corps, corps de textes dans la page, carnet-corps où j'ai déposé mon intime, celui que je cherche maintenant, celui que je veux délimiter, ici ou là, pour ne pas le répandre à tord et à travers dans des oreilles indiscrètes, médisantes, surtout trop facilement médisantes! L'intime de moi, on ne me le demande pas alors que je l'annonce à tout bout de champs!... Et pour me faire entendre, je l'ai transformé en abstraction! C'est pour cette raison que le déplacement anthropologique m'a interessé. Je me prend ainsi pour une certaine sorte de personne, dans une certaine catégorie. On me pose des questions comme si je faisais partie de cette catégorie spéciale que je ne connais pas moi-même, que personne n'a même vraiment encore abordée... Je me surpend ensuite à donner des réponses qui correspondent à ma logique personnelle d'individu solitaire. En filigrane, j'entend une interprêtation faussée de ma parole: je passe pour quelqu'un qui fait partie d'une certaine classe sociale mais celle-là bien connue! Faudrait-il alors mettre en scène les rituels quotidiens et tenter de les suivre au plus près, ceux-là même dont il est habituellement convenu de ne pas parler, ce qui les dénoncerait peut-être! Ce qui nous obligerait alors à prendre conscience de notre alliénation! Faudrait-il donc ne pas les écrire pour se donner la liberté de les modifier au gré de nos envies, sans que ça se remarque, sans qu'il s'y note une erreur, une faute, sans surtout réveiller une culpabilité omniprésente?... Faut-il vraiment être de bons enfants bien sages, qui font bien tout ce qu'on leur dit, tout ce qu'entre eux ils se donnent le devoir de faire. Est-ce vraiment le seul moyen d'avoir bonne conscience les uns envers les autres? Comme si, sans ce cinéma de façade, on pourrait tous devenir des sauvages qui s'entreturaient allègrement?
Moi aussi, j'ai des rituels: dessiner, peindre, faire des photos, etc... Ecrire! Chaque moment de mon existence devient un épisode dont les actions sont le fait de mon choix personnel. Les autres y sont impliqués selon la liberté qu'ils en décident... La grande condition se situe là: article numéro un du contrat de vie: sans cesse débusquer l'aliénation pour donner son caractère de vérité à la communication... Ce qui s'appèle "gagnant-gagnant"?

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