dimanche 21 octobre 2007

L'AUTONOMIE





















12ème§ - L'AUTONOMIE
Voici la meilleure idée de ce début d'année, mais d'abord, expliquons l'affaire!
Tous les mardis, depuis le mois d'octobre, je vais en ville par divers chemins pour mes réunions, à la carl Rogers, s'il vous plaît! C'est la fête, c'est le bonheur, c'est Marseille, le Marseille dans lequel je veux m'inscrire, vivre, travailler, me sentir en lien avec ce que j'y ai vécu... Tout est beau, merveilleux, magnifique! Je me sens promu dans les interstices des pierres d'angle de chaque rue à travers le ciel et surtout dans mon coeur. Jusqu'à peu, la personne principale qui m'accompagnait dans ce renouveau ne pouvait être que M A. Dans les meilleurs moments, sa présence fait irruption dans mon esprit, la notion de bohneur se met alors en action.
Fin janvier, en descendant des Réformés, le soleil d'hiver coincé entre les immeubles de la Canebière là-bas au ras de l'eau, sa présence survient soudain comme une absence: dans cet instant de bonheur, il n'est pas là, son existence est absente! Je me sens alors seul ET fort, je sens mon autonomie, ma capacité de donner moi-même vie à mon existence! Cette prise de conscience n'est pas de la littérature, c'est du réel en direct: la Canebière, les rayons solaires inimitables existe dans ce bonheur où je suis moi-même présent, porteur de ce bien-être... Je me retrouve dans cet état nouveau, désiré depuis longtemps. Lâcher la présence de l'autre pour survivre seul car il ne sera jamais qu'un travailleur social. Mon attachement fonctionne de mon propre chef, il n'est guère impliqué personnellement.Le fantasme se perd, déjà je ne le vois plus, je ne l'entend maintenant que rarement.

jeudi 18 octobre 2007

CREER




11ème§ - CREER
Je n'ai pu conserver le moindre souvenir du geste de verser la soupe chaude dans l'assiette, sur la table de la cuisine de ma maison... Plus aucun souvenir d'avoir vécu dans une maison à moi, ce soir d'hiver, quand le vent du nord souffle dans le conduit d'évacuation.
Sur le toit, toutes les mouettes se sont tues, on n'entend plus leurs cris de poupées à la renverse... La cheminée ronffle par intermitance. Sur la table de la cuisine, vers la fenêtre de la véranda, j'avais huit ans et je dormais doucement sur mon petit oreiller jaune pâle. Le repas se terminait pour moi, la joue enfouie dans le molleton et le pouce dans la bouche. Je sens encore mon assoupissement, celui-là même de mon corps qui se répand dans la chaleur du sac de couchage. Je cherche l'illumination de ma pensée, de mon coeur au moment où j'enlevais le couvercle, où j'ai plongé la louche dans le liquide onctueux et parfumé, où j'ai versé la soupe doucement dans l'assiette qui est sur la table. Une étrange clarté m'innonde soudain! Je regarde l'assiette, la soupe dans l'assiette, l'assiette sur la table... Qu'y a-t-il donc de si merveilleux? Ça l'est pourtant assuremment!... Depuis combien de temps n'avais-je pas eu conscience de faire un geste de cette qualité? Pas une seule fois depuis vingt ans? Pas de souvenir antérieur non plus d'aucune autre nourriture!...
Je m'étonne d'aimer passionément certains aspects de ce qui m'entoure... et surtout ce que je reconnais y avoir créé: cette soupe que je viens de préparer, les livres que j'ai choisi de consulter, les carnets sur lesquels j'ai écrit, dessiné et peind, les projets de toile dont celle qui est encore blanche sur son chassis et immaculée de cet espoir naissant... Vieille fascination née dans les années de jeunesse!

ETRE REEL















10ème§ - ETRE REEL
Je me jette à corps perdu dans le fond de mes projets. Mon engagement de bénévol me met en situation de terrain avec une partenaire qui cherche le dialogue et le partage. Elle possède les outils stratégiques de l'analyse, elle tient compte des craintes de chacun, elle m'adopte en temps que partenaire pour marcher ensemble. Ce qui n'empêche que la structure s'ébranle ailleurs: à l'approche de la réunion hebdomadaire de l'autre groupe, les secousses s'amplifient, un tremblement de terre semble se préparer. Il sera salutaire. Ce qui est branlant va s'effondrer, il ne restera que les parties solides. Le nettoyage sera automatique!

Après les centaines de choses que j'ai racontées et que chacun m'a renvoyé à sa façon, ma pensée, mon histoire et mes désirs prennent une réalité tangible. Tout cela devient solide et même plus, monumental! Pourquoi cela, je me le demande!... Le monument signifie en fait que je ne peux plus faire le fantôme, je deviens une réalité! Dans les retours du groupe, je perçois que le ressenti de mon image n'est pas toujours vu par les autres. Ce qui me paralyse ne fait pas du tout partie de l'image que les autres constatent. Il y a un consensus de positivité entre nous, je n'ai pas su me le retourner. Il s'agit bien d'une démarche de qualité!

jeudi 11 octobre 2007

LE MIROIR



















9ème § - LE MIROIR
Avez-vous déjà raconté votre parcours de vie en dix minutes devant six ou sept personnes? L'effet est étrange! Pourtant, je l'avais déjà fait l'année dernière! J'ai eu l'impression de trop bien connaître les personnes qui me faisaient face, soudain, je ne pouvais rien leur cacher! Jusqu' à l'évènement de mon arrêt professionnel!... Ma voix s'est bloquée dans ma gorge, je n'ai pu que dire: " Voilà, vous savez tout sur moi!" alors qu'il y avait encore trois ans à raconter!... Evidemment, ils ont été frustrés, ils voulaient savoir la suite! Ils ont même eu l'impression que je leur cachais quelque chose, que j'étais pudique! Je voulais pourtant qu'ils voient les choses terribles que j'ai dû vivre. Je me suis arrêté trop tôt de parler, je n'ai pas pu finir mon histoire! Redire tout ce passé m'a été pénible, en fait, je me suis trouvée empêché d'expliquer le rebondissement que j'en fais. Je pense qu'en fait ils le savent mais je n'ai rien pu en expliquer de plus! L'un d'eux m'a affirmé que, pour un enseignant de longue date j'étais plutôt timide. Mon humour qui se retourne contre moi est assez étonnant, cependant. L'accident de 2004 porte aussi des blessures qui remontent jusqu'à l'enfance et que, même avec ces difficultés, on allait pouvoir faire quelque chose de tout ça... J'y compte bien, c'est pour ça que je suis là! Un autre m'a parlé en appartée, il sentait de la déprime... Allais-je vraiment bien?... Il souhaitait m'encourager, je lui répond sur le thème de la résilience: tout cela me sert pour rebondir. Je sens qu'il a plus peur pour lui et qu'il aurait été bien que je puisse le dire à tous!... Mais quand j'en suis arrivé à la date fatidique, je ne me sentais pas de raconter mon retournement. A cet endroit-là apparaissait un arrêt brutal de tout ce que j'aimais, ça m'a fait mal. Je me suis crispé sur cette phrase: "J'ai dû tout arrêter!" Je me retrouvais complètement perdu! Ils me voyaient comme quelqu'un qui se cherche encore...

mercredi 10 octobre 2007

SENTIR

8ème § - SENTIR
On sonne!
Sonnerie ferme, très matérielle, forte! Impossible de ne pas l'entendre! Je fais comme un sursaut dans la réalité, sans bouger pourtant: comme le chat, immédiatement sur mes deux pieds entre sommeil et éveil.Ces deux états peuvent paraître très distants mais à cet instant-là, l'un semble attendre l'autre hors de mon moi conscient... Qu'en fait-il? Je décide de ne pas répondre. Je tâche de ne pas bouger, de sentir le passage à l'éveil, d'associer sommeil et éveil en même temps, de rester calme...

samedi 6 octobre 2007

LA TROMPERIE



















§ 7 - LA TROMPERIE
Ma mère!... Ma mère se trompe! Ce n'est pas d'avoir un appartement gratuit qui est un luxe immérité, dont elle aurait bien voulu m'éviter la honte au cas où... Ce n'est d'ailleurs même pas ce qu'elle me reproche - me reproche-t-elle d'ailleurs quelque chose, je n'en suis même pas sûr! - elle semble plutôt faire un constat dépité devant tout cet argent qui ne rentrera plus dans ses caisses mais que, finalement elle aime autant ne plus avoir à gérer. Elle ne possède ainsi plus ce pouvoir de le redistribuer qu'elle jugeait si important, pouvoir qui lui donnait une légitimité sans doute essentielle pour elle.
Elle nous le donnait au coup par coup. On ne savait jamais quand et quelques fois, aussi mais pas systématiquement, pour des gros coups durs de réparations mécaniques. Les enfants aussi en ont eu leur part mais l'irrégularité de ses dons leur a conservé une qualité de cadeau avec lesquels on s'offrait des plus, d'agréables luxes ou autres extras de vacances d'été sans restriction. Mais dans sa tête à elle, cet argent nous aidait à vivre bien qu'elle ne sache jamais trop ce qu'on en faisait. Ne plus être en mesure de le distribuer correspond maintenant à des restrictions: plus de coup dur, plus d'extras, une vie différente dont elle n'est pas sûre que j'ai bien pris la mesure. Elle ne cesse depuis un an de tourner autour de ce sujet comme pour me faire renoncer à ma demande d'appartement... Enfin, aujourd'hui, elle a cédé!
Ce n'est pourtant pas du tout à confondre avec la culpabilité supposée de mes matins gris. Il n'y a qu'un objet commun à ces deux histoires, l'appartement en l'occurence. Le problème est ailleurs, dans mon camp et, comme tous mes problèmes, c'est un énorme "jamais dit" qui se tapi au fond de mon être... Un vieux cauchemar d'enfant qui prend l'aspect d'un monstre fantomatique pratiquement invisible!
Ce matin, j'ai décidé de ne plus regarder l'heure et de ne me lever que lorsque je serai capable de le vouloir réellement. J'espère ainsi accepter une possibilité de rythme à moi, un rythme propre dans lequel je trouve une sérénité, une harmonie telle que je l'ai écrite dans mon projet d'avenir.

Je ne saurais écrire précisemment l'objet de la remémoration, l'histoire de ce monstre, son parcours. Monstre qui n'est celui-là même, seulement en raison de ma culpabilité latente et bien visible aujourd'hui. Mon objectif n'est pas de vouloir à tout prix le définir pour le faire disparaître comme le propose Jodorowsky... Quoique! Pourquoi pas, justement? Pourquoi ne pas se délecter de cette mise en lumière supposée? Se délecter, jouïr de ma propre histoire... Bien sûr! Mais au risque d'enfermer les autres dans cette enclave: c'est l'affaire de chacun de le choisir, diabolique ou angélique mais toujours mystique, c'est-à-dire profondemment humain.... etc!...
Mon objectif est plutôt de ramener le monstre à l'état de chien docile qui va à la niche quand on le lui demande mais qu'on cajole aussi pour se donner un élan d'altruisme! Chacun son chien et j'aime tous les chiens! Quand ils deviennent monstres, c'est qu'ils se chargent du poids des ancêtres à travers lesquels il s'est reproduit par mixité et désir de recherche du modèle idéal. On prend un peu d'untel, un peu de chacun et on se fait une grille de références dont tout le monde se fiche bien! De toute façon, on est sensé suivre le modèle républicain, l'"impur" du modèle coranique... Français menteurs, roublards, qui ne tiennent pas leurs promesses... Vaste programme! Mébarek m'a appelée d'Algérie, quelle joie! Mon schéma était devenu incomplet...
Les vacances de Noël viennent à point nommé pour engager un grand nettoyage dans la structure psychique!

mercredi 3 octobre 2007

DORMIR





















DORMIR
Envie de dire, envie d'écrire. Envie de poser sur les petits carrés de la feuille des choses diffuses qui n'ont plus trop de corps, plus trop de sujet!... Les réveils du matin, de CE matin n'est plus dû à une douleur, mon cou semble se libérer d'une tension, il s'articule librement... Une sensation de dématérialisation extrêmement agréable... Qui peut se perdre dans un changement de posture mais que je peux retrouver en me concentrant dessus.
Cependant, une bizarre impression, au réveil, les yeux encore fermés avant de bouger... Un vide ou quelque chose comme un horizon très plat, tout gris, dénué d'intérêt. De ce genre de lieu où il n'y a rien à faire, où on ne peut être maître de rien... une attente vide sans échéance connue. Un endroit de rien qui n'a pas de sens , pas d'objet, pas de goût, pas de raison. Un moment que je ne m'explique pas!... Encore un de ces moments organique sur lequel il faut choisir: soit j'y reste et je retombe dans l'univers onirique qui se réapproprie cet espace, soit j'ouvre les yeux et réinvesti le jour qui m'appartient avec toutes les activités ludiques que je me suis programmé. Il existe quand même une troisième possibilité: rester dans cet espace gris et voir surgir les affreux petits soucis avec leurs terribles conséquences cauchemardesques!... Ça, c'est très laid!