jeudi 30 août 2007

VOICI UN NOUVEAU CHAPITRE!

Aujourd'hui, c'est le chapitre IV qui commence! Sans doute le dernier avant un prochain recueil de textes. Il va sans doute m'amener à clore cette période de vie très particulière... N'hésitez pas à reprendre les anciens textes pour suivre l' évolution, nous arrivons au bout de nos peines!
Bonne lecture.

chapitre IV - §1 TENIR BON!

1er § - TENIR BON!
Tête brûlante!
Sept heures, plus moyen de dormir!... Trop violent, le mal de tête galoppant, familier... Un vraie "sciatique" de la tête, proprement implacable! Devant cette catastrophe, un seul remède: la philo!... Deleuze en l'occurence, quand il parle de la pensée de Foucault! Il ne faut pas hésiter! C'est tout ce qui peut être possible de faire en passant par quelques séances de dégrossissement sur internet, une petite lecture de notes avec un copain et enfin, de la lecture directe dans la joie d'y lire enfin quelque chose de tangible!... Le mal de tête galoppe toujours dans la tête!... Je tente un nouveau réveil en me replombant dans la position du gisant, celle qui fait le moins mal... Ne plus bouger, fermer les yeux et attendre.
Tant pis si ça doit durer toute la vie! Tant pis si rien n'est possible contre cette perversité, tant pis si... Il s'agit de maintenant, il s'agit d'en sentir le moins possible... Je repars progressivement dans un sommeil plombé...
Quatorze heures, je décide d'arrêter. L'épaule me tire toujours, je me sens coincé dans un torticoli subtil alors que la "sciatique" de la tête a disparu laissant place à un crâne brûlant... Ça ne fait pas mal... Je m'en sors bien, je suis plus que satisfait! Façon d'approcher la petite mort? Celle qui ne tue pas mais qui en donne juste l'illusion?... Satisfaction d'avoir surmonté la difficulté, de ne pas tomber dans des "signifiants" aussi ridicules qu'inutiles!...
Je ne veux pas que ma blessure ait d'autres sens qu'elle-même! Tout ce que je peux en tirer, c'est ce que j'ai dit plus haut, c'est le bonheur de devoir prendre soin de moi-même!... En prenant soin de moi, prendre soin d'un corps handicapé de la même façon que je désire prendre soin des autres en fin de vie, en maladie, en marge de la société... Possibilité de leur apporter l'outil de leur désir... D'autant plus que je dois aussi faire ça pour moi!... Relation compassionnelle avec moi-même... D'ailleurs, je fais jouer cette compassion à ceux dont c'est le métier de m'aider... En échange, je tente de prendre soin de moi en construisant des stratégies pour les autres de la marge. Pas pour ceux qui sont les "normaux"! Ceux-là doivent se débrouiller seuls. Je n'avais pas besoin d'eux et ils n'ont pas eu besoin de moi. Aujourd'hui je bascule dans la relation d'aide et je veux donner le change!
Dans ce soin de moi, il y a aussi la complaisance de l'autoprotection. Devenir l' intermédiaire de la personne qui m'aide, son relais pour ce moi fragile. Relais qui prend en charge sa propre efficacité, pour la redistribuer chez tous les autres, efficacité rendue au centuple. De ce fait, je me sens accompagnée et conduite dans mon action quotidienne, de ce fait, je sors de cette interprêtation stupide et nombriliste qui peut avoir sa vérité mais ne suffit pas pour rebondir hors d'une fatalité... Analyse vaine, sans avenir, jusqu'à l'accusation!... Ceci est mon ressenti intérieur. De l'extérieur, ce peut être un constat. De ma place, je dois me positionner vis à vis de ma relation aidante. Constat du présent actuel, le passé part au placard, quels sont les moyens dont je dispose? Que puis-je décider de faire?...
Chaque jour, mon état atteind un niveau critique!
Chaque jour, il me faut réaffirmer mon projet, vérifier qu'en toute circonstance je suis encore et toujours prête!
Chaque jour mon corps me propose de nouvelles difficultés, souvent indescriptibles, innévitables... Provoquant des difficultés mentales: pertes d'assurance, flous, incompréhensions, mystères... D'innombrables choses cachées prêtes à surgir pour remettre en cause le projet. Les cartes ne s'étalent jamais sur la table!
Chaque jour, une nouvelle carte surgit qui cache les autres, comme un jeu qui n'en finit pas!... Impossible d'attendre tranquilement que les choses arrivent d'elles-mêmes dans un temps imparti!... Impatience? Ou seulement signe de l'impatience? Nervosité? Incrédulité peut-être?... Pourtant, j'ai mille activités possibles qui corroborent aux apprentissages à venir... Quelle soif m'étreind?... Etc... depuis deux ans que ça dure!... Mais au bout se profile la fin de la procédure d'aide... Un avant-goût de panique: la pire chose! Ne plus être accompagné, ne plus avoir d'entretien... Alors que je n'en ai que très peu en fait! Comment accepter que cette période se termine?
Quelqu'un m'avait souhaité quitter ce "noman's land" impossible, le genre de relation qui ne peut absolument pas durer... J'avais voulu y croire un instant, comme un grand soleil qui apparaît soudain au lever du jour sur la mer! Ne restait de moi qu'un dégoût de mon désir, un dégoût des autres, de leurs corps, des choses du quotidien... Sauf les chevaux!
ça, c'était avant...

lundi 20 août 2007

Dernier article avant le chapitre suivant...

ATTACHEMENT et PANIQUE


§ 12 - ATTACHEMENT & PANIQUE
Je voudrais bien, ce soir, raconter cet attachement que je sens si doux!... J'y suis décidé, après une espèce de valse hésitante qui m'a fait renoncer souvent à le "coucher" sur le papier.
Passage à l'acte refusé autant de fois que possible jusqu'à présent! Je n'ai pas voulu le gâcher par maladresse, par exemple: écrire le mauvais mot par précipitation, gâcher ce que je considère comme un trésor, plus encore, une véritable bouée de sauvetage à laquelle je suis conscient d'être accroché... Quand je voulais en parler, c'était parce que je voulais le lui dire... Mais cela ne pouvait se faire: c'est son métier d'aider, ce n'est pas sa vie entière! Il n'y a jamais eu d'accroche de sa part... Si je me permet cet attachement, c'est sous condition d'en rester lucide: Je me sens autorisé à fantasmer tout ce que je veux pourvu que je ne lui demande pas de partager sa présence dans mon émotion. Cela doit rester tacite, secret, non partagé.
Ce soir, je n'ai pourtant plus cette impression de céder à une impulsion désordonnée, encore moins de gâcher quelque chose... J'ai la très nette impression qu'il est possible de le raconter: extérioriser le secret au risque de la dépossession devient possible, comme s'il n'y avait plus de danger à le faire maintenant... Quel danger? De quel danger s'agit-il?... Faire n'importe quoi sous le coup de l'impulsion au point de rendre le secret "dégoûtant"? Ou bien encore danger de faire perdre au secret sa valeur, sa fonction même de secret! La soudaineté du phénomène m'a souvent étonnée: n'y a-t-il pas une erreur quelque part?... Et puis, tout réfléchi, non! Je sens chaque fois d'une nouvelle façon que c'est possible!... Aujourd'hui, je veux tenter!
En fait, je commence par écrire cette possibilité qui m'apparait de pouvoir répondre au désir. J'écris deux pages, puis, soudain je pars dans un sommeil étonnamment profond et merveilleux qui n'a de cesse de me surprendre par sa sérénité!... Avant que le jour ne se lève, j'ouvre un oeil fort étonné de me sentir si bien, dans du coton comme on dit, d'être un tas de chairs relâchées, molles, étendues là, sur ce lit, sous le tulle... Comme une bonne pâte à pain qui repose en s'étalant doucement, imperceptiblement sous l'effet du levain! Je suis en train de fermenter, d'être en passe de devenir ce pour quoi j'ai été fabriqué!... Est-il besoin de dire que je choisi de conserver ce moment-là comme signifiant, porteur du sens de ma présence humaine sur cette terre? Que, prolongeant ce repos merveilleux dans un rapport contraire à la nuit précédente qui a été remplie d'angoisses et de douleurs physiques, que, plusieurs petites séquences de sommeil finirent par me renvoyer dans un vrai "très mal-être" existentiel et que, renonçant à prolonger cette chutte indubitable, je décide de me lever et tente de récupérer une raison d'être parmi toutes celles que j'essaye de construire depuis des mois... Je ne veux pas m'affoler, je ne veux pas sombrer dans cette panique qui me dépossède de mes moyens, de ma volonté, qui m'anéenti, qui me démoli, qui me réduit au rang de larve... Je reprend mon écriture, elle seule peut me caresser, je reprend mes carrés de couleurs qui peuvent, eux, m'enchanter... Cela doit pouvoir sembler suffir à rester en vie tranquillement dans cette journée... Pourquoi pas?
Accepter cet état de convalescence, accepter d'être là, exposé au soleil ou aux nuages comme les grands arbres, les pierres, le ciment de la restanque... Exposé peut-être aussi au regard des autres, de la jouissance des autres... Faire parti de cette famille où je suis ceci et cela, appartenir à quelqu'un, assumer cette appartenance, la jouer dans la demande de l'autre, dans le temps partagé de l'écoute, apprendre ce rôle, trouver la pratique de la fonction à vivre pour l'autre, en construire le sens, en échanger la logique... Larmes aux yeux!... Devenir quelqu'un pour quelqu'un d'autre tout en restant moi-même et investi par la parole de l'autre... M'aurait-on tué dans cette vie de moi-même au point qu'il ne me reste qu'une enveloppe vide! Je suis son contenant inutile qui cherche avec acharnement quelque chose à mettre dedans... En sachant bien l'ennui de ces choses qu'on peut y mettre... Ne rien y mettre? Ou bien y mettre des choses à partager avec les autres, une espèce de bien collectif pour arriver à parler d'égal à égal, là où je sais trouver une place!...

PANIQUE?...
Là où j'ai été, je ne suis plus... J'ai perdu ma place, je n'ai plus su la tenir. J'ai dû partir, fuir!... Aujourd'hui, je suis là, non plus dans cette place que j'occupais et pas dans une autre... Entre deux. Je suis seul à pouvoir le dire mais ça ne me donne aucune place en présence des autres! Je crois que tout m'est interdit, surtout l'argent que je reçois! Je me sens seulement autorisé à le redistribuer à qui de droit, sans plus! Le débat intime est ouvert pour éclairer la situation présente, mise à plat de la charge du passé dans le temps présent... Je voulais raconter la volupté dans laquelle j'étais plongé avec ce sentiment de protection que je m'étais inventé sur le dos d'un autrui consentant, dans l'unique but de survivre... C'est pas tous les jours qu'on peut y goûter à la volupté mais quand on le peut, ça renforce le sentiment de protection!
Je n'ai pas rempli mon contrat de désir d'écrire, de "coucher" cet attachement sur le papier... Je n'ai pas "couché" la souffrance à laquelle je me suis prêté, dans la beauté d'un texte écrit dans l'état second de la douleur... Texte pour me consoler? En lieu de cela, j'écris une analyse des processus de protection qui m'amènent à adopter l'écriture le dessin, les rencontres, l'écoute... Et puis je me jette sans vergogne dans un poids fictif du passé... La belle affaire!... L'exil, la mort, les contraintes... Les échecs de la vie, les répétitions... Le destin? Mais en sus, la beauté d'une esthétique de la souffrance par le texte, l'émerveillement de ses subtilités dans le langage et la possibilité enfin de n'en plus souffrir!... et même d'en jouir!
Devant moi se profilent d'innombrables heures de méditation en faisant des petits carrés de couleurs et d'innombrables moments pour "coucher" des textes sur le papier et d'innombrables moments à me renconter dans le regard de l'autre... Tout cela est bien suffisant pour faire une vie! Point tant de désespoir à avoir... Et pourtant, chaque instant en est rempli!

dimanche 19 août 2007

SOMMAIRE DU 3ème CHAPITRE:






















§ 1 - LE FANTASME DE L'ECRITURE
§ 2 - L'EN-SOI
§ 3 - DECOUVERTE D'UNE DEMARCHE
§ 4 - COUP DE GRISOU
§ 5 - LE REVEIL
§ 6 - L'ENTRETIEN
§ 7 - UNE FABLE
§ 8 - FABULATION
§ 9 - PRECARITE
§ 10 - ESPOIR
§ 11 - LA RECONNAISSANCE

et pour la prochaine publication,
ce dernier paragraphe avant le 4ème chapitre:
§ 12 - ATTACHEMENT & PANIQUE

ESPOIR et RECONNAISSANCE


§ 9 - ESPOIR
Je me lis dans un livre, j'y lis ce que je suis, avec mes fantasmes qui mélangent mes sensations et révèlent mes désirs. J'y joue avec mes doutes pour mieux les contrer, pour dire oui à tout ce discours de l'autre, comme si j'en devenais l'exemple véritable lui-même! Pour dire que ce n'est pas que de la littérature mais c'est surtout la vie elle-même mise en mots!...
Je reste stupéfaite de la similitude avec le personnage! Là, sur cette page, je "vois" soudain, je reconnais le condensé de ce je fabule avec les personnes qui me viennent en aide depuis deux ans! J'y lis ce qui me revient régulièrement, ces sentiments exprimés par les mots eux-mêmes, je les ressens au travers de ces mots, les mots me les font revivre!... Miracle!... A la page suivante: "Je voulais croire à nouveau à mon boulot... J'avais besoin de garde-fou..."
A moi, le tour de me faire mon projet, de fabriquer mon futur avec mon passé, de prendre ce qui peut être pris et de jeter ce qui ne me concerne pas. S'installer là-bas! Oui, tous sont d'accord mais ça me semble bizarre qu'ils me disent qu'eux aussi le feraient volontiers... Comme un défaut: pourquoi si je dis le nom de cette ville, tout le monde le dirait aussi? Est-ce que pour une autre ville , ils auraient la même réaction?... Est-elle vraiment une ville magique? A cet instant, je me donne l'objectif de trouver comment!

§ 10 - LA RECONNAISSANCE
Ce matin, tout le monde retourne bosser sauf moi... Ça fait deux ans que ça dure et cette fois-ci, c'est la troisième année... Grande culpabilité! Très grande culpabilité!! Je me sens comme un enfant dont on surprotègerait la sensibilité en la soustrayant du collectif que tout le monde subirait... Une espèce de privilège à l'envers!... Absurdité! C'est irrationnel!!... Mais impossible de me l'enlever de la tête, ça ressurgit sans cesse du plus profond du fond du crâne!... Je tente de l'enfouir sous des questions difficiles: comment faire un métier? Comment travailler pour obtenir un vrai salaire? Je me fais croire que je sais y répondre mais je suis terrifiée par la peur de ne pas y arriver!!!...
Pourrai-je cesser un jour de souffrir pour continuer la vie que je veux "mener"? Comment ce projet peut-il avoir lieu en ne souffrant plus? Comment pourrai-je lâcher cet entrainement quotidien à la souffrance, comment le reléguer et l'envoyer dans le passé? Comment échapper à cette chronicité de la souffrance après tant d'efforts pour m'y soumettre et arriver à l'accepter?...
"Faites ce que vous avez à faire..." cela et seulement cela sans m'occuper du reste... Le reste, l'administratif... "Je m'en occupe..." semble-t-il dire!
Aujourd'hui, je veux l'écrire! Je veux écrire cet incroyable accompagnement qui dure depuis deux ans et qui me renvoie à toute ma vie!... Comment cela peut-il n'être qu'administratif?... Alors, je prend mes couleurs et je remplis les petits carrés de mon carnet... Mon esprit lâche doucement les vanes et s'écoule, une sorte de tendresse m'envahit... Je veux croire qu'elle vient d'ailleurs, de quelqu'un d'autre... Qui pourrait bien me l'inspirer? La réponse est là avant la question, je ne la pose que pour mieux y répondre... Même lorsque je ne réfléchis pas, c'est toujours la même réponse: le même nom surgit dans la seconde qui suit la question!...
Il s'est prêté à ce jeu, il ne peut pas l'ignorer, pensé-je en sachant très bien que s'il m'encourage à être mon propre sujet, le reste est mon affaire et qu'il ne s'en mêlera pas... Je me dis alors, pourquoi ne me permettrai-je pas d'imaginer cela? Pourquoi me sentirai-je obligé d'installer un interdit? Ni lui ni personne ne m'y oblige!... Une bouffée de reconnaissance m'envahit, je le sens soudain très proche de moi, au creux de l'oreille... à fleur de peau! NON! Je sais qu'il ne faut pas le faire, il faut juste l'imaginer!... Aussi fort, aussi souvent que je veux, mais il ne faut jamais le faire!... Je l'ai déjà entendu refouler mes élans avec habileté et bienveillance, installant ainsi les limites du possible... Mais, mais, mais... Quoi?

samedi 18 août 2007

FABULATION et PRECARITE


§ 7 - FABULATION
L'autre jour, je sentais mon corps léger et svelte. J'ai pensé que c'était comme ça que je devais le sentir étant enfant. Je dormais encore, c'était le matin... Toute la nuit, j'ai révé d'un texte qu'une militante communiste m'a donné, qu'elle a reconstruit et que j'allais écouter... J'ai révé d'un poulain qui naissait d'un coup: un jeune se vantait de l'avoir lui-même expulsé!
J'attend des heures avant de me lever et de travailler... Des heures pour que mûrisse le souvenir de ces actes accordés hier à une quidam. Il ne reste que cette envie de vomir, ce dégoût, cette négation de moi-même. J'ai très bien senti et observé la montée du phénomène d'attirance-répulsion comme si et de fait, je le connaissais par coeur! Et là, pour contrebalancer ça: le rien, seule une solitude immense, un désert absolu! En cette place-là, personne!... Un endroit où jamais personne ne vient, même pas ceux qui sont désignés socialement pour m'aider... Est-ce un endroit impossible à atteindre? Ignoré, inconnu? Comment se fait-il que je m'y trouve? Comment ai-je pu y entrer? pourquoi ne puis-je pas en sortir?... Je m'y sens comme enfermé... Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment je n'y serai plus? Comment serai-je sûr à ce moment-là de ne plus rien avoir à faire avec ce lieu-là?
Note: à ce moment-là de ma réflexion, l'envie de vomir m'a déjà quitté sans que je puisse dire ni comment ni pourquoi!
Autre note: comment le café constitue-t-il un réconfort?

Temps X marqué par la nette sensation que, des bras secourables sur l'objet réel de mon isolement n'existent pas, que, c'est là qu'existe mon désir de l'autre, que, ceci est sans doute le schéma d'un amour d'enfant mille fois perdu... Un amour d'enfant qui n'a jamais mûri, dont personne ne peut vouloir, ne serait-ce que par respect de mon propre individu... Alors, je joue le jeu! Devant les autres, je fais comme si ça n'existait pas, comme si c'était un autre monde, un monde imaginé de toute pièce! Fabulation... Mentir en sachant que c'est la seule façon de se faire admettre... Contradiction fondamentale d'un malaise sans fin!

§ 8 - PRECARITE
Inscription dans un tableau administratif. Objet vide et inerte... C'est moi. Puis le tableau est refait: il est illustré. Il se divise en sous-tableaux sympathiques.. Je les ai créés moi-même, tout est satisfaisant! C'est l'image visible directement dans ma conscience à la seconde fulgurante où je sors du sommeil... La journée démarre là-dessus, je me sens en pleine possession de mes moyens.
Ou bien, la partie de ma tête qui repose sur l'oreiller est prise de fourmillements, au bord de l'insensibilité. J'entre, dès lors dans un processus d'angoisse... Un seul désir: me rendormir. Rève: Le temps d'un silence, ma compagne vient de disparaître sous mes yeux: je la vois soudain fixer un point très proche dans le crépis du mur, le temps de le trouver et son image disparaît.Je suis persuadé qu'elle vient d'effectuer un déplacement astral. Je me sens littéralement transporté dans la joie!... En fait, je me sens extrêmement fatigué, j'ai très mal aux jambes. Je n'arrive pas à croire que cette douleur soit aussi intense, je me rappèle avoir couru en montant quelques escaliers mais c'est plutôt ce qui a motivé cette cavalcade qui est douloureux! Je courais après mon cartable... De le savoir perdu me renvoyait à toute la symbolique qu'il représente. Alors même que cette perte de l'objet ne constitue absolument pas la perte d'un savoir, je ressens une absence, un vide envahissant qui me bouscule , qui me pousse à agir dans l'urgence sans que je sache quoi faire...
Suis-je simplement envahi par l'angoisse d'une perte ou bien s'agit-il de la souffrance de toutes les pertes que j'ai subi récemment et que je refoule? Refoulement ou souffrance qui profite de ce lapsus de cartable oublié dans le métro, pour occuper le terrain... S'il y a refoulement, ce n'est pas systématiquement de ce qu'on aurait voulu garder, je refoule aussi ce que je veux ne jamais revoir. Un lieu-piège, lieu douloureux. Un lieu à fuir pourtant seul lieu actuel qui constitue le "chez-moi". Il s'agit de passer de mes multiples lieux de logement d'étudiant, occupés avec bonheurs et péripéties innoubliables à un no man's land: une fuite puis une mise à la rue volontaire... Interdiction, coup de boule, prison... J'ai mal, profondément mal! Coup de boule pour rien, simplement parce que je suis là, à nouveau là où je ne veux plus être et que c'est comme ça quoique je fasse, quoique je cherche à prouver, quelque reconnaissance que j'obtienne... Pourtant, je vais partir, je déménage, tout ça n'a donc pas servi à rien!... Suis-je dans un rève ou dans la réalité? S'agit-il d'un passé auquel je ne peux me soustraire? Ne peut-on pas "gommer" le passé? M'y suis-je "trop" coltiné et le voilà qui me colle après?
Sensation de faire n'importe quoi, de n'avoir aucune consistance.
Sensation de ne pas savoir ce que je fais, d'en être incapable.
Je me surprend en train de faire des choses qui n'ont pas de sens tout en ayant l'air de choses banales.
Un secours instantané traverse mon esprit du côté de tous ceux qui m'ont aidé par le passé, à travers des paroles de dédramatisation.
Des paroles de normalisation des troubles que j'ai moi-même dénoncés.
Des paroles qui me donnent le droit d'user de ce décalage mental.
Des paroles de garantie.
Des paroles d'impunité.
Une possibilité offerte de vivre en toute quiétude!...
Je me rebiffe brusquement: je ne veux pas de cette quiétude, je veux soudain réparation, je veux la reconnaissance! Mieux! Je veux qu'on me réclame!...
Personne ne m'entend! Personne n'inclu ce champs-là dans le processus d'aide. J'ai été largué vers un non-retour avec encouragement à ne pas regarder en arrière... "Ah oui? Vous trouvez que la machine fonctionne mal?... Pas d'problème! Vous allez prendre la porte tranquilement... On vous assiste avec des vivres et tout ce qu'il faut! Allez, vous pouvez partir et tâchez de ne plus revenir!

mercredi 15 août 2007

INVITATION dans l'INTIME...

l'ENTRETIEN et... une FABLE,

§ 5 - L'ENTRETIEN
Jeudi dernier, je l'ai rencontré. Il m'a posé plein de questions...
C'était du genre: maintenant que vous avez obtenu votre certificat, vous sentez-vous mieux? Y trouvez-vous une identité nouvelle?...
Je ne peux pas répondre par l'affirmative, j'exprime surtout ma détermination personnelle mais je n'y vois pas la reconnaissance. Pourtant il y tenait! J'imagine quelque chose de similaire s'est passé ainsi pour lui et ses collègues qui leur a permis d'atteindre leur niveau de professionnalisme, celui-là même que je leur envie!
Peut-être m'a-t-il senti plus fort, il s'est mis à me taquiner, à renvoyer les angoisses, celles que je lui disais être celles de ma mère... Des sentiments de dévalorisation... Vous voulez me les faire porter? L'air de dire: vous ne désirez pas faire cela , n'est-ce pas? Ce n'est pas dans vos intentions? Ce n'est pas comme ça que je vous connais... C'est pourtant ce que vous venez de faire!...
Je suis resté sans réaction, anéanti toute la journée! Je me sentais mal, vide, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait! Aujourd'hui non plus, je ne comprend pas ce qui m'habite... Je ne comprend qu'une chose, c'est l'action. Mais je ne peux mener aucune action, je ne peux plus rien faire à part être utilisé par les autres...
Il m'a souhaité bonnes vacances... Encore faudrait-il travailler pour se sentir en vacances! Je me vois courir après du rien, j'ai l'impression de me jeter dans le vide!... J'ai tenté toute l'année de donner une certaine consistance à ma quête mais ici, tout perd sens!... Ici, c'est le pays où tout perd sens, c'est le pays où j'ai tout perdu!.. Quand j'y reviens, c'est comme si, soudainement je perd tout ce que j'ai construit ailleurs!...
Pourtant, tout est noté, enregistré, photographié... La richesse est là, dense, pleine de sens, pleine d'avenir! Ici, tout disparaît, tout s'annule... C'est tout simplement vertigineux!

§ 6 - UNE FABLE
Un soir, j'imagine que la veille, j'ai dû ouvrir les yeux sur une évidence que j'avais complètement fabulée! En laissant cette fille me toucher les mains, m'étreindre sans résister au moment de notre séparation, en analysant à la fois son désir, son ressenti et le mien au plus près, je prend conscience de la réalité de ces choses... Sans parler de Dieu, elle parlait d'amour et de poésie... mais trop d'amour. Ça m'a gavé! Je me sens d'autant plus seul et bien déterminé à ne plus rien aller chercher de ce côté-là!
Je me vois une deuxième fois découvrir la vie comme un nouveau monde chargé de merveilleux. L'avidité de mes débuts est bouclée, il s'agit maintenant d'un monde connu, le milieu culturel, les organisations humaines... Phase d'exploration terminée.
Reste une désolation totale: personne à qui parler pour de vrai, aucune connaissance avec qui causer un bout... comme si je ne connaissais personne ce soir. Personne à qui savoir dire: "ça ne fait rien, t'occupes pas de ça... ça n'en vaut pas la peine! Tu sais où tu vas, occupes-toi de ton objectif, y'a que ça qui compte!" ne sais-je vraiment même plus le dire? Mon objectif a-t-il soudain perdu toute son intensité? L'aventure est-elle en train d'éteindre sa flamme?... Quelle solitude soudain!... Je vois les gens, j'ai envie de vomir! Je ne veux plus les voir... Trop d'attention toute cette nuit... Fatigue sans doute.

dimanche 5 août 2007

samedi 4 août 2007

COUP de GRISOU... le REVEIL!

















§ 3 - COUP DE GRISOU
Je me suis endormi tôt hier, Dix heures trente.
Le coloc m'a réveillé plein de fois en fermant les portes bruyamment... En dormant, j'entendais comme un vacarme!
Ce matin, sept heures. Je n'écris pas les mots justes qui m'apparaissent. Je ne saurais pas voir si écrire modifie le déroulement des pensées de mon sommeil.... Je me souviens avoir constaté une pagaille monstre dans mes idées, mais seulement par manque de structure. C'est sans douleur! Sans celle que j'ai trimbalée toute la soirée en passant au centre équestre de l'UCPA de la Courneuve... J'avais comme un désespoir fou de me sentir identique à mes vécus équestres passés. Le temps n'a aucune empreinte... Emotion immuable, à vie! Ça me provoquait une espèce de désespoir mortifère, je me sentais pris dans un sas entre l'état de vie et l'état de mort...
Tout sens social était perdu! Il n'y avait plus de sens à rien... J'avais la douloureuse impression de végéter au milieu des acivités humaines, d'être un parasite... Un poison?
J'ai regardé le film de Valérie Mrejean puis la conférence de Deleuze sur l'esthétique au cinéma...
Donc ce matin, la soupe dans la tête, tout en vrac, simple constat. Plus rassurant qu'hier où ça faisait mal, où je me sentais décollé du monde des autres, détaché, posé là dans un espace de non-droit, de non légitimité... L'après-midi, je lis une brochure sur la république!
Impression très nette: j'attend que ma mère joue son rôle, qu' elle me transmette par la parole ce que je n'arrive pas à intégrer affectivement: mon rôle social... Ma mère n'aurait-elle fait que survivre?...
Ainsi la soupe du premier réveil, je n'ouvre pas les yeux, je sens la même chose qu'à mon retour du centre équestre... Deuxième réveil, pensées en vrac: sensations, souvenirs, amours, désirs... Le quotidien d'hier que je n'avais encore jamais vécu, ainsi se clarifie avec le reste. Chaque élément va se ranger dans sa case, se reconnait un lien de parenté avec les autres... L'état destructuré et douloureux dans lequel j'étais, me donne l'impression d'un produit chimique-souvenir que l'on dépose dans une solution-structure mémoire provoquant une émulsion lente et progressive qui atteint le degré de l'erruption volcanique où tout est craché, éparpillé, mis à jour, comme si j'étalais autour de moi mes tripes psychiques!... La douleur de l'écorché, à vif!
Etat d'émotion extrême... Sans partage, en solitaire, au milieu des autres qui ne voient rien!... La même émotion partagée au salon du livre ou au douzième Maghreb des livres ou à Bretonneau, etc... La même qui se partage en toute convivialité et permet de faire circuler l'énergie qui se fige et fait mal dans la solitude... Ce n'est que le réel: tu partages, tu vis, tu ressens seule, tu souffres (dans certaines conditions, pas toujours bien sûr!).
Je parle, (j'écris) une émulsion, une réaction chimique amplifiante... Tout rentre alors à nouveau dans l'ordre, chaque chose à sa place... Il y a là un plaisir certain à trouver dans chaque tiroir une quantité de souvenirs de diverses importances, proches les uns des autres dans leur signifiants. Ils forment une chaîne que l'on peut articuler comme on veut, je le fais souvent chronologiquement, comme un jeu de construction pour enfant, tout prêt et chaque fois rénové d'une nouvelle pièce qui lui apporte son actualité... Une sorte d'esthétique du quotidien.
Pensée vague, en cours d'élaboration autour d'une idée: le don. Quelle est l'authenticité du don? Pas seulement donner pour donner mais savoir pourquoi on donne et comment on donne. Trouver la vraie valeur du don...
Vingt trois heures trente, tout semble à nouveau à sa place. Je me sens neutre et dans la possibilité de disposer de moi-même.

§ 4 - LE REVEIL
La sonnerie coupe brusquement le cours de mes pensées. Celles-ci tentaient de s'articuler tant bien que mal comme d'interminables connections sur une page d'ordinateur!... Quand la sonnerie retentit, il ne reste plus rien, comme si tout s'était envolé!
Je me réveille calmement, la pensée plate... On dirait qu'il n'y a rien que le programme établi la veille. Je m'étonne de ne pas sentir rôder en moi la remise en question de sa légitimité. Ça a l'air OK, il n'y a pas de remise en cause... Tout arrive en fait au moment de mettre des chaussures. Je ne sais même pas qu'il me faut les mettre, je sais seulement, un peu, que je dois m'habiller supplémentairement! Mais en fait quelque chose apparaît soudain dans ma tête au moment où je conçois l'acte à mettre en action et que je l'exécute. Cet acte simple et naturel installe soudain une chappe de doutes: mes activités personnelles sont résolument dérisoires et même pitoyables! Ce n'est pas l'acte lui-même qui l'est mais le dénuement de la situation: aller à l'hôpital , récuperer les radios, passer au club du quartier, manger cent grammes de pâtes chinoises... Que se passe-t-il donc?
Pour supporter et peut-être accepter, je prend des photos. A chaque photo je place une intention précise et dessinée, qui note en fait une sorte de souffrance de l'instant, une déchirure à être au milieu des autres, à les voir, les entendre... Je vois "la misère du monde" de Bourdieu et j'entend les paroles rémanentes des réminiscences de chacun... Je vois combien chacun s'applique à s'en sattisfaire malgré la dérision qui le caractérise! Qui peut croire à tant d'ingénuité?

Mal à la tête imposé comme un mauvais symptôme!!! Je décide de ne pas croire à ce postulat. Aujourd'hui, j'attend un coup de fil miracle. Je m'assois, le mal de tête disparait! Le soleil dessine la fenêtre sur le mur...
J'ai le souvenir d'avoir cherché mes propres définitions sur les mots d'hier dans le cabinet du consultant. Le souvenir d'avoir résisté pour ne pas me faire ranger dans des catégories établies et décrétées pour moi. Je me souviens l'avoir entendu accepter de nouvelles nomenclatures et qu'il les a prises en compte, ce qui m'évite de croire à la folie et me permet au contraire de croire au développement de ma pensée même si elle s'exprime mal à propos à certains moments! J'ai le souvenir d'en être arrivé à faire un consensus avec moi-même sur le refus d'occulter et de faire disparaître les moments d'absence, sous des déguisements d'activisme(gym ou autre animation...). J'ai le souvenir de tout ça mais surtout celui de ne pas perdre ce que la misère existencielle m'apporte: une conscience des phénomènes d'absence que l'autre peut avoir en particulier quand l'angoisse l'occupe et le détourne de la prise de conscience. Il est tellement facile alors, de lui faire approcher sa vérité en confirmant sa plainte par une écoute en miroir de sa plainte! Cette articulation de soi dans le miroir de l'autre... Et grandir, grandir à tout âge! Sans misérabilisme, sans culpabilité... En toute simplicité!
Si je ne veux pas être esclave de ce désinvestissement morbide, je ne souhaite pas m'en débarasser non plus. Je veux pouvoir en faire un outil de travail efficace!
Je peux être plus ou moins plombée. Où est, où sont les nuances subtiles de ces nuances de l'intrusion, des mouvements d'entrée et de sorties, de proximité plus ou moins envahissante de l'état morbide? Comment peut se décrire l'histoire à chaque moment du phénomène?
... Le corps m'abandonne, il ne répond plus... Simple état de fatigue qui, en prenant sens, justifie l'appélation "contrôle" de dépresion... Pourtant il y a perte de sens des activités dont le corps seul permet le passage à l'acte. Il agit comme par soustraction, par retrait.

Cette fois-ci le sommeil ne me semble pas avoir changé quoique ce soit. Puis après avoir somnolé à deux reprises, le corps se plombe comme s'il ne voulait plus bouger. Je pense aux flyers que j'ai ramassés hier. La curiosité me pousse, je l'assouvi. C'est alors que je prend conscience de la place protectrice occupée par le consultant. J'y vois de plus en plus précisément la place de mon frère et du rôle de protection que je lui ai fait jouer à partir de son "sauvé la vie" bien réel!
J'avais vingt cinq ans, je préparais mes examens. Il en aurait eu trente deux, c'est l'âge que je donne au consultant.
Cette protection est finalement bien précise dans mes souvenirs. Je l'ai élaborée dans les jours qui ont suivi la noyade dont il m'a sauvé. J'ai vécu cette protection pendant les deux ans qui l'ont séparé de sa mort, cette mort qui a rompu le processus. Ce matin, je sens la possibilité de reprendre ce processus en pleine conscience. C'est la pensée de cette protection qui est tangible dans nos entretiens, cette pensée m'appaise.

Quand je n'ai pas les idées mornes mais que j'ai du mal à me sentir OK, je peux mettre ce OK en doute et en chercher la cause. C'est alors que je me sens très précisément rassuré par le prochain rendez-vous. Tout comme j'étais rassuré par la pensée de mon frère, rassuré qu'en cas de danger, il pouvait me sauver la vie. La preuve en était qu'il l'avait déjà fait! En revenant sur cet évènement, j'affirme ne pas m'être jeté à l'eau dans l'idée qu'il pouvait venir à mon aide en cas de besoin. Je ne me suis pas douté une seule seconde non plus, que l'acte que j'effectuais pouvait devenir un échec et encore moins mettre ma vie en péril! En fait, je n'ai jamais su ce qui s'était réellement passé entre la deuxième fois où ce garçon qui se noyait m'avait enfoncé dans l'eau et le moment où je me suis réveillé, assis sur les galets de la minuscule plage, derrière ce rocher glissant. Mon frère était assis là, à côté de moi, dans la même position que moi, le bras droit autour de mes épaules. J'avais les bras croisés sur mes genoux repliés supportant mon front... Première sensation de ma propre mort. Mais en place d'être plus prudent, de réfléchir aux dangers de certains actes et de celui-là en particulier, je ne me souviens d'ailleurs aucunement en avoir parlé avec quiconque, j'ai plutôt investi l'évènement de ce "sauvé la vie" dont je me trouvais impressionné au sens propre du terme! Il est clair que cette impression perdure encore... Elle apparaît dans des situations variées. Le danger s'est transformé en trouble psychologique et le sauveur apparaît par flash, figure protectrice très subtile... avec un mélange de non-dit consensuel lié à une valeur fraternelle de la relation et de transmission de savoir mêlé au transfert. C'est en prenant conscience de l'élaboration d'un transfert possible et le réalisant du même coup que ce phénomène délicat et plus ou moins réussi se produit. Lorsque le transfert se déclanche librement, une relation très particulière s'installe immédiatement. Un espèce d'affect de reconnaissance s'installe, que l'autre me renvoit. Quand j'ai joué le "journaliste" avec le questionnaire au club des séniors, je me suis mis volontairement dans cet échange de confidence totale, d'attention délicate et de désir de transmission.

vendredi 3 août 2007

CHAPITRE III §1, §2,


§ 1 - L'EN-SOI
Je cherche le langage juste qui nous amène à parler de l'en-soi commun de nos ressentis, de nos émotions. A la recherche de l' argumentation d'en-soi?...
Ce n'est pas un micro-trottoir, ça n'en a que l'apparence! Le trottoir est l'en-soi lui-même: c'est sur le trottoir que les choses se passent, que les gens vivent ensemble.
Postulat: je postule, à partir de ce poste d'observation, de cet endroit-là, de faire parler l'autre! Cet autre, c'est celui qui est chaque jour dans son en-soi quotidien, et ce n'est pas tout le monde!... Entre celui qui descend de sa voiture pour aller au théatre ou au cinéma en soirée et celui qui vend ses légumes de sept heures du matin à onze heures du soir devant la fac de St Denis, lequel est le plus "dyonisien" des deux?... Et puis qu'est-ce que c'est qu'un dyonisien?

§ 2 - DECOUVERTE D'UNE DEMARCHE
Cinq heures du mat... Je me réveille en ressentant de l' inquiétude.
Le cercle est une figure qui me fait peur, elle m'inquiète quand je me réveille... Son contenant est rigide, il enferme, il me contraint dans ses limites.... C'est cette idée-là qui est la cause de mon inquiétude!
Après avoir noté cela, je tente de me rendormir. Mes pensées se portent alors sur mes activités de la veille dont j'entame systématiquement une analyse serrée jusqu'à six heures trente... J'entend les oiseaux discourirent sur le jour qui se lève. Cette sensation me trouble toujours autant depuis l'adolescence. Elle provoque en moi une sorte d'impatience sans objet, comme s'il fallait absolument se lever pour profiter de la vie, profiter d'une sorte d'intensité exceptionnelle à ne surtout pas râter... Je me rappèle de la clarté, de la limpidité des matins de Marseille au printemps et la journée qui se dégrade ensuite, par la chaleur, la complexité des rapports familiaux, sociaux... La montée de la pollution!...La difficulté à équilibrer ces moments délicats avec des moments agréables tout au long de l'enfermement scolaire et ce, même pendant les vacances!
L'irrégularité de mon sommeil m'inquiète... J'ai conscience d'avoir toujours plus ou moins subi ce genre de nuit très courte, deux ou trois heurs de sommeil... Excepté après la naissance des enfants pendant dix ou quinze ans ...
Sept heures. Je sais que le sommeil ne viendra pas... Pour une fois je ne suis pas en train de l'attendre. Le soleil apparaît enfin sur le mur en découpant une fenêtre de lumière légèrement rosée. Je cadre cette fenêtre sur l'écran de mon portable et prend une photo environ toutes les cinq minutes. Entre chaque photo, je réfléchis à la façon de dire cette pratique en cours, le sens que cette pratique peut prendre avec des mots. Je prend conscience de la complexité de l'affaire, en dehors de toute anecdote... S'il y a anecdote, elle se situe plutôt dans la manipulation technique de l'outil de prise de vue, scandée par le décompte du temps. Anecdote secondaire en regard de l'apparition du sens... Je pense à la caverne de Platon où l'homme ne voit que l'ombre du soleil. Dans ce processus de réflexion, je prend ainsi possession du temps et de moi-même par la même occasion! Il s'agirait donc de l'illustration d'une anti "petite philosophie de l'ennui" par le processus de création. Processus d'appropriation avec la mise en forme photographique...
Alors, de quelle façon un tel processus intervient-il sur l'ennui? Pourquoi, et comment?
Peut-il ensuite se généraliser en tant que démarche de vie? Une vie qui ne serait justement plus ennuyeuse?... Est-ce que la mort peut à son tour être sujet d'appropriation au même titre que le temps dans cet exemple?... Je m'en trouve ainsi persuadée!... Et cela me suffit!