samedi 22 décembre 2007

DANGER DE MORT !






















12ème§ - DANGER DE MORT!
Dix-sept heures. Le soleil est définitivement passé derrière l'immeuble. Je le vois maitenant de l'autre côté, comme au matin, éblouissant les façades démultipliées... Il y a toujours une ou plusieurs fenêtres pour renvoyer ses rayons à l'intérieur du salon.
J'ai vécu vingt ans dans cet appartement baigné de lumière solaire, cette année est la vingt et unième, trente ans plus tard!
Je ne voulais pas lui faire de peine! Du moins c'est ce que j'avais envie de dire. Sous-entendu que je lui en aurais sans doute fait en lui disant ma vérité, à savoir qu'il se trompait totalement s'il pensait pouvoir faire quelque chose pour moi. Ce soir, je crois être sûr que son rôle, du moins celui que je peux lui accorder, ne ferait que me précipiter dans le danger, vers ma propre mort ou peut-être pire, dans une folie de terreur.... Il y a une phrase terrible que j'ai notée dans le carnet de couleurs sur Virginia Wolf. L'éblouissement des quelques centaines de rectangles peints et des milliers de petits carrés coloriés avec soin sont là pour restituer le fantastique dynamisme que Virginia exprime dans Mrs Dalloway et qui déguiserait cette phrase terrible justifiant son suicide par noyade!...
La journée se termine un peu comme trente cinq ans auparavant quand on avait vaqué sans trop d'efficacité toute la journée et que soudain, sur le coup de cinq ou six heures de l'après-midi, un nouvel horizon se dessinait avec une nouvelle dynamique, des possibles latents, un nouvel élan interne, des actions à décider d'entreprendre... Nous étions prêts alors à faire des projets, un repas, une sortie ensemble, une soirée animée ou un week-end ailleurs... Ce soir, je sais que je vais écouter de la poésie. Est-ce que demain l'image du psychanalyste va encore interférer dans ma pensée?... Peut-être pour cette phrase terrible que je note enfin. Elle était d'ailleurs sous-jacente à mes journées d'antan sans pourtant que je la connaisse... Toutes mes amies incarnaient cette soeur perdue!
"Définitivement captive du fantasme, Virginia Wolf ne pouvait plus que le réaliser, accomplir ce geste que l'écriture lui avait permis si longtemps de différer et par ce geste, coïncider absolument avec son texte." (Françoise Pellant)
Réécrite il y a déjà plus de quatre ans cette phrase est toujours présente dans ma relation psychanalytique comme un écran, un panneau d'affichage: attention, danger, chutte de pierres ou autre panneau suceptible d'entraîner la mort! Que peut-il savoir de tout ça ce psychanalyste-là!

LE COMPLEXE
























11ème§ - LE COMPLEXE
Je continue l'histoire qui part de Freud, une journée toute à ça pour aller jusqu'au bout de ce complexe qui emmêle, enchevêtre le nom du père, en passant par Freud le premier de tous les psychanalystes, puis l'obsession de mon propre thérapeute dont l'image travaille en moi et enfin, mon père dont le souvenir est présent dans cet appartement avec ma soeur. J'assistais à leurs démêlées, ma soeur en sortait vaincue... Je lui apportais mon dessert en signe de solidarité!
Comment puis-je savoir pourquoi je me suis toujours appliqué à me currer le nez pour en extraire les croûtes gluantes que je collais jadis sur la tête de mon lit?... Au point qu'aujourd'hui, et je m'en préoccupe, ma muqueuse nasale saigne de façon quotidienne depuis sept ou huit ans!
Le chagrin de ma soeur s'exprimait par une colère autodestructrice: elle pleurait en reniflant bruyamment comme pour s'acharner. Je me souviens de quelques photos où l'on voyait son visage contracté dans un rictus de rage impuissante. C'est du moins ce que j'y lisais! Je ne me souviens pas l'avoir vu se rebeller. Ma mère intervenait toujours trop tard en disant: "on ne parle pas des problèmes à table!"... Je ne me souviens pas les avoir entendu discuter ailleurs!

AU DELA DES MOTS























10ème§ - AU-DELA DES MOTS
Pourquoi est-ce que je lui raconte tout ça?...
Ce matin, ma vie pèse à nouveau très lourd. Ce matin, depuis longtemps, je peine à la porter... Dans mon demi-sommeil les questions se reposent lourdement avec des critères résolument illégitimes, informels et très probablement infantiles! Je nage à nouveau en eau trouble et ...sale!
Pourquoi suis-je si lourdement préoccupé par son insistance?... C'est son méier, c'est la méthode qui lui permet d'aider les gens. Le seul problème, c'est que je sens que la psychanalise peut m'emmener à une mort prématurée par suicide... La seule chose qui me sauve sont les enfants. Mais je me sens déjà tellement orphelin que j'ai du mal à vraiment intégrer mon rôle de père... Je l'oublie les trois-quart du temps: je me laisse entraîner vers ce désir mortifère que j'ai appris à vivre dans mon enfance...
Quelque part je lis l'histoire, en partant de Freud, de la peur de tuer tout le monde ou quelqu'un de précis ou du moins d'en être accusé... Avoir le sentiment d'avoir commis ce meurtre en l'ayant désiré! Pour moi, le meurtre est fait: ma soeur est morte, je n'étais même pas encore sorti de l'enfance. Elle était mon héroïne, mon modèle, l'égal de Dieu. Elle était ma salvatrice puisqu'elle m'avait sauvé de la noyade et j'ai cette dette de reconnaissance... Mon modèle est parti dans la mort, comment puis-je le faire aussi?... Peut-être en décollant le plus possible de cette vie matérielle, fragile, décoller de ce danger de mort latent, omniprésent... Une épée de Damoclès sans cesse suspendue au dessus de la tête!
Se préserver d'un danger qui ne fait même pas partie de la sphère humaine! La terreur que procure un ennemi impalpable, inconsistant, parallèle à l'existence terrestre, un danger impossible à circonscrire... Il est partout, n'importe quand et n'importe où! Il me faut sans cesse le braver alors qu'aucun signe matériel ne le caractérise.
Face au phénomène, mon attitude est la passivité: plus rien n'est signe, le sens des choses, des évènements est au-delà. C'est au-delà qu'un sens peut se découvrir, la matière n'a aucun sens devant la mort! L'au-delà de la matière, je l'ai trouvé dans les mots...

mercredi 5 décembre 2007

LA REPRISE DE LA CURE
























9ème § - LA REPRISE DE LA CURE
Je suis très satisfait d'avoir pu dire non! Sans doute ai-je balancé cette situation pour en arriver là, pour régler mon compte avec le problème que la cure me pose. Tout ce que la cure m'a fait endurer alors que je me suis livré totalement à l'acte... Il était un livre ouvert qui racontait une leçon qui semblait contrer tout ce que je disais.... Mettre les choses au point, OK! Mais je me suis senti floué dans ma demande. Finalement, il a lâché le bout de gras, j'ai payé avec ma carte et il s'en est remis à mes exigences. Je souris piteusement d'une bataille gagnée que je ne désirais pas engager. D'une certaine façon, ma parole est devenue un piège dans lequel il s'est jeté, l'entretien en a été le combat! La force que je sens ce soir à travers tous mes gestes me le prouve. Pourtant nous avons chacun raison de nos places respectives...
Je sens en moi mon adolescence qui me renvoit devant mon père. Cette impression de porte à faux, cette impression d'entendre "Tu l'as fait!"... Fait ce qui est interdit... "Tu as choisi l'interdit!" Dans le quotidien mon père ne réagit pas. Il parle en apparté avec ma mère pour faire leur consensus contre le phénomène. Moi, sujet, je n'existe plus. Ma position solitaire, privée de partenaire me rend coupable et pourtant je gagne toutes les batailles... Aujourd'hui encore. Une compétence qui apporte un pouvoir que je n'ose pas m'approprier... C'est dangereux de posséder un pouvoir, de s'en servir, c'est un engagement, une responsabilité qu'il faut assumer aussi bien dans les victoires que dans les échecs...
Il s' installe dans son fauteuil et moi devant dans le "mien" avec ce mouvement du menton pour me donner la parole. Je prend un temps puis, avec d'infinies précautions langagières je lui ai "passé la main". Il a nié tout ce que j'avais entendu de lui la dernière fois. On dirait un marchand de tapis. Il s'enfonce dans ce rôle! J'ai peur qu'il se désiste, qu'il refuse de me recevoir le mois prochain, qu'il déni d'avoir ce "suivi" auquel je suis astreint.
Il parle comme si je voulais continuer la cure à laquelle j'ai fait référence. On dirait qu'il ne veut rien faire d'autre, qu'il déni son statut de psychiatre: "ici, on fait comme ci, ça se passe comme ça!"... est-ce une injonction à mon encontre?... Une injonction à base psychique à laquelle je dois me soumettre?... Veut-il m'instrumentaliser? Toujours les mêmes propos mais je ne me laisserai pas faire... Je ne partirai pas sur la pente dérapante en le laissant tranquilement sur le bord! Pendant que je fais le chèque, il se lève et se plante devant le divan. Je voudrais lire sur son visage l'expression de son échec avec mon regard condescendant... Je ne veux pas lui lancer ce défi!
Mes premiers pas sur terre ont été motivés par un chien. Souvenir matinal. C'était un caniche m'avait signalé ma mère. Je viens de rêver qu'un chien arrivait vers moi en frétillant de la queue. Je me lève alors soudainement malgré la lourdeur de mon état. J'ai rêvé ensuite que je me savais dormir dans mon rêve et malgré tout je rêvais que je sautais à bas du lit! Lorsque je me réveille réellement, je m'étonne d'être encore dans mon lit! Je ne vois pas de chien. Je suis persuadé que c'est pour ça qu'en fait je ne suis pas debout!... Est-ce que c'était ainsi que je voyais ma vie: me lever pour soigner les animaux?... Le discours du psychanaliste devient n'importe quoi!

samedi 1 décembre 2007

LA PEAU DE BANANE !








8ème § - LA PEAU DE BANANE
Vite! Poser ce nom, ce "non"! Cette négation que je n'ai pas su dire. Je ne veux pas venir toutes les semaines et encore moins deux fois par semaine! Je ne veux pas me casser la figure sur des peaux de bananes! Je ne veux pas avoir à subir ces chuttes systématiques provoquées par une parole, des paroles inconscientes du danger que je courre et maladroites dans leur façon de me "prendre" pour un "tout un chacun" de base!... Une heure plus tard je me dis: je ne veux plus m'allonger sur le divan, faire le bébé dans son berceau pendant trente minutes, me lover dans le ventre de ma mère et ne pas parvenir à en ressortir... Quand je repartais de là, je me sentais dépecé en mille morceaux, mis à nu, glacé... Je ne veux plus vivre ça, cette humiliation! J'étais réduit à si peu de chose, privé de mon humanité, privé de reconnaissance dans ce lieu que je n'habitais même pas!

LE QUOTIDIEN
























7ème § - LE QUOTIDIEN
Je reste stupéfait, ébahi par ma découverte! Je n'ai plus vraiment grand chose à dire là-dessus pour le moment, j'en suis certain puisque j'ai fait le choix d'une action à engager. Malgré tout, j'erre dans la maison sans pouvoir quitter le stylo! Je reste attaché à ce geste qui dessine interminablement ces signes sur le papier. Le geste qui répète continuellement ces centaines de textes, devient salvateur, devient la vie elle-même, une vie matérielle hors du commun, une vie qui refoule le quotidien habituel. Une nouvelle réalité, un autre vécu! Je cherche le passage entre ce "hors du commun" et le "commun".
Prendre un bain, m'habiller, faire une course sont difficiles à entamer. Une espèce d'angoisse sourde m'attache à ce stylo comme à une bouée de sauvetage. Angoisse de se noyer, de se perdre, d'avoir à se débattre alors qu'une solution très confortable existe, qu'il suffirait peut-être de ne pas abandonner pour être tranquille... Précisement de la même façon que lorsque j'en ai marre de me confronter depuis "x" temps à ce réel avec lequel il faut sans cesse tout recommencer à zéro! Se remettre en cause, devoir être un enfant devant les apparences du monde. S'oublier pour s'adapter (Erwin Panovsky)... Pour, en s'oubliant, dériver sans le voir... Une mer dont les courrants invisibles et changeant m'éloignerait des côtes où j'aurais installé mon refuge...
Quand il n'y a pas de quoi avoir peur, il reste encore la peur. C'est elle qui devient le moteur de l'adaptation, la possibilité d'une intelligence qui va me découvrir autre dans ce quotidien étonament proche et si étrange cependant!

mercredi 28 novembre 2007

LA DETTE DE GUERRE





















6ème § - LA DETTE DE GUERRE
Troubles du matin, au singulier ou au pluriel, on ne sait pas... Peut-être peut-on le voir très simplement: un flash puis, l'image mystérieuse éclate soudainement en une vérité implacable, évidence majeure de cette réalité opaque qui ne veut pas se laisser prendre!
Puis le corps-douleur tout doucement se signale... Il faut prendre soin de lui, poser la tête sur l'oreiller quelques centimètres plus à droite ou à gauche, lui dire de se détendre, d'y croire, de croire que ça va marcher, qu'il est bien au chaud dans le duvet... Justement! En quelques minutes il a trop chaud! Il se réveille, il n'en peut plus! Je le découvre, je lui fait sentir la fraîcheur de l'aube à venir, je lui occupe l'esprit avec un peu de Nietzsche!...
Plusieurs fois, il me fait ce cinéma... et puis, c'est le ventre! Il se plaint de trop plein, il ne sait plus où les mettre, il y en a déjà trop, il essaye de bourrer, il n'y arrive pas... Il y en a de partout... et, finalement, un rêve:
Il a neigé cette nuit ou les jours précédents. Ma tante conduit la voiture. Une adolescente nous accompagne, sortie de je ne sais où! Nous allons vers la station de ski par la route empierrée que l'on connait bien. Sitôt passé le tunnel, la montagne nous dévoile ses plaques de neige épaisses et rutilantes. Les constructions immobilières ont bien avancé depuis la dernière fois. Ma tante s'étonne de cette remarque. A ce moment exact, elle ne voit pas l'appendice métallique vers lequel la voiture s'approche dangereusement. Je tente d'intervenir en bloquant le véhicule et en réveillant la tante. Son visage est gris... Le rêve est fini!
Une telle incompétence me jette au pied du lit! Je ne peux accepter un tel hermétisme! L'absurdité de ce rêve m'est insupportable, je refuse de tenter plus longtemps d'en rêver un autre de ce genre. Il n'y a plus ici aucun intérêt et même, ce serait courrir le risque de vivre pire en laissant de nouveau le sommeil agir...
Je sais que c'est comme une dette que je viens de contracter. Je sais que dans ce rêve, il y a un idéal contrarié et même doublement contrarié, peut-être même vicieusement. Derrière cela, il doit justement y avoir ma propre incompétence! Qui serait de m'être laissé prendre par des interprétations érronées... Vice de forme que cette douleur dans la parole des autres, dans cette systématisation qui perdure depuis plus de cinquante ans. J'en viens à l'appeler "noeud" de famille. Sur ce sujet, si ce n'est le silence, c'est toujours la première réaction qui surgit, le premier rejet sans que d'aucune bouche on en sache la cause exacte...
Je tiens à voir cette scène récurrente comme un consensus collectif mystérieux: c'est la tante qui va porter le trouble insupportable de cette guerre! Chacun s'est débrouillé comme il a pu pour sauver plutôt son honneur bafoué(de toute façon) que sa peau. La tante, elle, a décidé qu'elle avait fait la faute qu'il ne fallait pas faire. Tout le monde a plus ou moins fait cette faute quelque part, on ne sait pas trop comment et c'était aussi ça , la délation, la terreur d'être dénoncé de rien ou de tout... Lourd fardeau! Alors, tout le monde est parti: la débâcle...
Impossible de raconter ça à ceux qui l'ont vécu! L'idéal de chacun a été balayé par une réalité implacable. L'esprit de famille, de clan a été massacré, il l'est souvent pour des tas d'autres raisons, l'oncle en a été le germe aux yeux de ma mère, le marché noir, la cause pour les autres.Le seul à s'approcher de la vérité serait mon père, celui qui ne doit pas parler, l'aîné qui a pour tâche de proférer la parole juste et rabouter tout le monde, il est la personne référente... Par chance, c'est mon propre père! Avec ses mots, je complèterai mon histoire pour que ma famille puisse cesser ce jeu du bouc émissaire! Je vais inventer cette famille pour que cesse cette dette qui porte aujourd'hui le ridicule jusqu'à la douleur.. Moi aussi, je vais sauver ma peau!

mercredi 14 novembre 2007

PETITE CITATION...























"Le réel se constitue de notre difficulté à le rencontrer. Mais n'y a-t-il pas toujours un fond d'iréel qui fait qu'on ne sortira jamais de l'insaisissable?
Il existe une faille minuscule qui suffit à pulvériser complètement l'édifice."
Gao XINGJIAN... "La raison d'être de la littérature"
c'est Denis BOURGEOIS qui parle.

QUOI DE NEUF DANS LA PSYCHE ?

LES FORMES DU DESIR

5ème § - LES FORMES DU DESIR
On dirait, comme un temps d'arrêt dans la course effreinée du délire névrotique. Un temps de répit accordé par l'inconscient, ou bien que c'est lui-même qui se repose, s'arrête, là, au bord du chemin. Simplement parce qu'une pierre plate ou un rocher en forme de banc s'offre là, au détour d'une clairière ou d'un sentier escarpé. En plus, une vue panoramique propose une structure générale paysagée où se regroupe tout ce qu'on a découvert depuis le départ. Faire le point dans le résumé, à la fois général et particulier, unique, en s'arrêtant là, en observant, en synthétisant la prise de conscience, en donnant tout son sens à la démarche!
C'est un peu, parfois, le rôle des dimanches, de ce dimanche-là! Ce dimanche où j'ai enfin parfait mon premier texte sur l'amour. J'ai enfin accepté de poser mes bagages sur cette page, j'ai ouvert mon sac à dos, chaque poche fermée me cachait son contenu. Je n'y avais accédé que par bribes, chaque fois fasciné par un objet particulier... A quoi servait cet amour sinon à en jouïr? L'observation d'une de ses "bribes" m'immergeait dans sa matière et m'autorisait à la plaquer sur un objet-souvenir ou parfois, un objet réel et de me faire plaisir au-delà du simple plaisir... Satisfaction assurée mais qu'en restait-il? Tout au moins et en un mot: rien pour moi! Pourtant, il y a d'autres saccoches à ouvrir... Mais non! On n'a plus envie de voir, on est vidé de tout désir! Justement, on pourrait croire que cela est bien... Enfin satisfait! Eh bien non! Pas du tout! Le désir étant la substance-même de la vie ne peut être comblé sans perdre sa consistance. N'existant plus, il meurt!
Aujourd'hui, j'ai posé ce fonctionnement sur une courte histoire. Je l'ai fait jusqu'au bout en dépassant la jouïssance sans la consommer ni la fabuler. Je l'ai posée avec sa possibilité à faire jouïr. C'est bien de cela qu'il s'agit maintenant: cette possibilité est le plus merveilleux de tous les spectacles, cette jouïssance-là ne meurt pas dans mon corps. Cette jouïssance-là rebondit sur toutes les formes que je veux, d'objet en objet. Objet matériel jusqu'à l'objet-sujet devant moi. Je modèle cette beauté mouvante que le désir transforme à l'infini. Si je me donne la possibilité de le voir, c'est le désir désirant qui apporte cette jouïssance, cette forme précise qui ne veut pas mourir parce qu'elle est d'un autre ordre, non pas charnel mais mental.
J'aurais pu vouloir "travailler" sur le désir sexuel mais le désir mental est bien plus maléable puisqu'il permet de multiplier les formes dans lesquels il peut s'inscrire, où il donne sens.

jeudi 8 novembre 2007

UN DESIR D'ALTRUISME

















4ème § - UN DESIR D'ALTRUISME
Puis-je dire cette vérité? En est-elle seulement une? Ce soir, elle l'est: ce n'est pas cette personne-là que je désire, il y a erreur, ce que je désire, c'est être elle! C'est être capable de dire les mêmes mots qu'elle, de la même façon et que ça fasse aux autres la même chose que cela fait à moi! Tout au long de nos entrevues, j'ai tourné mes phrases de n'importe quelle façon et toujours, il a eu ces remarques caressantes, positives, ces mises en valeur de ma personne avec des détails précis, synthèses habiles de mes propres paroles, comme si elle me lisait et qu'elle reformule tout simplement. De son côté, malgré quelques aveux, je ne sais jamais de quoi il en retourne. Pourtant elle m'a même prise pour complice jusqu'à la confidence... Comment pourrai-je l'oublier? Est-ce que, par hasard, je ne pourrais justement pas avoir aussi cette empathie? Quelle est cette empathie aujourd'hui où je souhaite rencontrer les autres sinon trouver à chaque moment les bons mots à dire, ceux-là même qui positivent.
Je révise la communication transactionnelle... Bientôt, ce sont les autres qui le feront mieux que moi!

mardi 6 novembre 2007

extrait de "Tristes tropiques" de Claude Lévy Strauss

L'EFFET MIROIR



3ème § - L'EFFET MIROIR
La dimension de ma recherche développe en moi une possibilité de vivre le jouïr: certaines phrases qu'elle m'a adressées se mettre à vivre résolument. Je lui parlais un jour de ces livres que je lisais de façon compulsive en quantité exponentielle. J'exprimais mon étonnement, elle m'a épondu "il en restera toujours quelque chose!" La phrase est maintenant "gravée" en moi. Je souhaitais vivre cela sans savoir comment m'y prendre, en faire une seconde nature. Aujourd'hui, je suis convaincu de ma capacité à y parvenir: je vais prochainement le découvrir! Je suis prêt à en prendre toute la mesure... C'est le poisson que j'attendais au bout de ma petite ficelle, caché à l'intérieur de la caravane, avec toute la patience qu'il me fallait développer pour qu'il puisse venir. Une joie d'avenir me calme et me comble. Ce n'etait qu'un petit poisson de papier mais c'était ma soeur qui l'accrochait. Bien qu'elle ne se montra jamais et que je ne cherchais pas à la voir, le secret devenait immense! Le secret provoquait une alchimie du lien entre ma soeur et moi qui transcendait le jeu en rituel sacré. J'ai envie de croire que écrire pour elle en exprimant ce que je ressens à son endroit peut être du même ordre si je respecte la règle du jeu: ne pas le dire, tout en le sachant pour en conserver toute la dynamique. Le poisson qui s'approche, c'est elle qui le tient, et représente ce que je désire en prendre en l'occurence mon désir de lectures. Ça devient elle qui me donne ce désir. Il n'existe aucune preuve, je n'exige rien de l'autre, simplement, je joue le jeu: j'écris cette émotion avec elle. Chaque mot écrit est supposé être lu par elle, dans son effet-miroir, miroir bien placé!

vendredi 2 novembre 2007

LA MECANIQUE DE L'AMOUR





















2ème § - LA MECANIQUE DE L'AMOUR
Je dors mal! Je reconnais mon angoisse comme une vieille saloperie que je croyais avoir fichu au fond d'un placard nettoyé pour Caroline. Que cherche-t-elle à cacher que je ne puisse déjà savoir?... Comment peut-elle croire que je vais m'en contenter, que je ne vais pas justement aller fouiner d'autant plus certainement vers ce qui semble avoir réveillé son histoire?
Dans le "Encore" de Lacan, j'ai vu apparaître une mécanique de l'amour. J'ai inventé une pratique du fantasme conscient et expérimental qui permet d'aimer qui on veut quand on veut dans une économie totale! A travers des conférences de Freud, je m'aime doublement: ayant rencontré une copine, je me trouve tourmenté d'être objet de son désir - sans aucune preuve cependant!. Je ne veux pas céder - ou anticiper? Je ne veux avoir affaire qu'à moi-même... Je me sens Golem, la passion qui m'habite, c'est mon trésor! Le titre de "Encore" deviendrait signifiant mais je le désire, je m'y plonge... Femme, un état de jouissance perpétuelle en contact avec un mystère, genre Dieu et de voir cet état-là, l'homme veut lui faire l'amour! Là-dessus, je dis non, tu vas tout gâcher!... Qu'est-ce à dire?
Et puis elle, le modèle, la nouvelle soeur dont je sens la protection, celle que je construis chaque fois que j'écris d'elle mon attachement, mon désir dont je ne peux me détacher. Je ne m'en sentirai plus coupable, je n'essairai plus de fuir. C'est aussi simple que ça! Je vais maintenant m'en servir sans retenue! Je vais commencer par en écrire les rôles, camper les situations. Chaque fois qu'il s'agira d'elle à travers moi ou plutôt de moi pensant à elle, je pourrai tout dire, dire et vivre... Ce sera un faux nom, une fiction, un fantasme connu de moi seul et qu'elle lira puisque tel est son désir! Ce sera sa façon à elle de m'aimer, la seule qu'elle s'autorise... Etrange inhibition! Merveilleuse passion!

jeudi 1 novembre 2007

PAR PROCURATION






















1er § - PAR PROCURATION
Toute cette folie d'amour que j'éprouve pour elle mais surtout pour moi gräce à elle! cette folie merveilleuse qui me permet de reprendre pied en la faisant ma compagne de chaque jour, de chaque instant, de chacun de mes gestes pendant lesquels j'entend à nouveau ses paroles bienveillantes, ses analyses "fines". C'est son mot, un mot qui me marque, que je n'ai jamais entendu employer sous cet angle. Un mot qui me flatte... Je me fascine de sa fascination! Ses renvoies littéraires fréquents vers lesquels je me suis jeté avec volupté!... Tout cela, riche à l'infini... Je ne peux ababndonner tout cela au bord du chemin comme s'il s'agissait d'un passé révolu. De tout cela, elle m'invite à en faire quelque chose me disant souhaiter être la première à le lire!
En écrivant, je retombe dans le piège de la passion: espérer la jouissance de l'objet de mes désirs!... Conscient de l'interdit qui en fait d'ailleurs toute sa qualité, souhaitant cependant conserver au moins ce profit-là, je me propose de transférer cette opération pour mettre en acte ce creuset fantastique avec toute sa force et tout son génie. Ce sera moi qui vivra à travers l'histoire de quelqu'un d'autre, la folle histoire d'amour que Caroline n'a jamais pu vivre - pas plus que moi d'ailleurs! Driss en sera le protagoniste et Caroline pourra ainsi conserver son intimité... Estelle lira ainsi en premier la volupté de ce que j'aurais pu vivre avec elle. Chacun restera à sa place et vivra malgré tout par procuration les fantasmes que j'ai inventés sur leur dos pour me raccrocher à la vie!

dimanche 21 octobre 2007

L'AUTONOMIE





















12ème§ - L'AUTONOMIE
Voici la meilleure idée de ce début d'année, mais d'abord, expliquons l'affaire!
Tous les mardis, depuis le mois d'octobre, je vais en ville par divers chemins pour mes réunions, à la carl Rogers, s'il vous plaît! C'est la fête, c'est le bonheur, c'est Marseille, le Marseille dans lequel je veux m'inscrire, vivre, travailler, me sentir en lien avec ce que j'y ai vécu... Tout est beau, merveilleux, magnifique! Je me sens promu dans les interstices des pierres d'angle de chaque rue à travers le ciel et surtout dans mon coeur. Jusqu'à peu, la personne principale qui m'accompagnait dans ce renouveau ne pouvait être que M A. Dans les meilleurs moments, sa présence fait irruption dans mon esprit, la notion de bohneur se met alors en action.
Fin janvier, en descendant des Réformés, le soleil d'hiver coincé entre les immeubles de la Canebière là-bas au ras de l'eau, sa présence survient soudain comme une absence: dans cet instant de bonheur, il n'est pas là, son existence est absente! Je me sens alors seul ET fort, je sens mon autonomie, ma capacité de donner moi-même vie à mon existence! Cette prise de conscience n'est pas de la littérature, c'est du réel en direct: la Canebière, les rayons solaires inimitables existe dans ce bonheur où je suis moi-même présent, porteur de ce bien-être... Je me retrouve dans cet état nouveau, désiré depuis longtemps. Lâcher la présence de l'autre pour survivre seul car il ne sera jamais qu'un travailleur social. Mon attachement fonctionne de mon propre chef, il n'est guère impliqué personnellement.Le fantasme se perd, déjà je ne le vois plus, je ne l'entend maintenant que rarement.

jeudi 18 octobre 2007

CREER




11ème§ - CREER
Je n'ai pu conserver le moindre souvenir du geste de verser la soupe chaude dans l'assiette, sur la table de la cuisine de ma maison... Plus aucun souvenir d'avoir vécu dans une maison à moi, ce soir d'hiver, quand le vent du nord souffle dans le conduit d'évacuation.
Sur le toit, toutes les mouettes se sont tues, on n'entend plus leurs cris de poupées à la renverse... La cheminée ronffle par intermitance. Sur la table de la cuisine, vers la fenêtre de la véranda, j'avais huit ans et je dormais doucement sur mon petit oreiller jaune pâle. Le repas se terminait pour moi, la joue enfouie dans le molleton et le pouce dans la bouche. Je sens encore mon assoupissement, celui-là même de mon corps qui se répand dans la chaleur du sac de couchage. Je cherche l'illumination de ma pensée, de mon coeur au moment où j'enlevais le couvercle, où j'ai plongé la louche dans le liquide onctueux et parfumé, où j'ai versé la soupe doucement dans l'assiette qui est sur la table. Une étrange clarté m'innonde soudain! Je regarde l'assiette, la soupe dans l'assiette, l'assiette sur la table... Qu'y a-t-il donc de si merveilleux? Ça l'est pourtant assuremment!... Depuis combien de temps n'avais-je pas eu conscience de faire un geste de cette qualité? Pas une seule fois depuis vingt ans? Pas de souvenir antérieur non plus d'aucune autre nourriture!...
Je m'étonne d'aimer passionément certains aspects de ce qui m'entoure... et surtout ce que je reconnais y avoir créé: cette soupe que je viens de préparer, les livres que j'ai choisi de consulter, les carnets sur lesquels j'ai écrit, dessiné et peind, les projets de toile dont celle qui est encore blanche sur son chassis et immaculée de cet espoir naissant... Vieille fascination née dans les années de jeunesse!

ETRE REEL















10ème§ - ETRE REEL
Je me jette à corps perdu dans le fond de mes projets. Mon engagement de bénévol me met en situation de terrain avec une partenaire qui cherche le dialogue et le partage. Elle possède les outils stratégiques de l'analyse, elle tient compte des craintes de chacun, elle m'adopte en temps que partenaire pour marcher ensemble. Ce qui n'empêche que la structure s'ébranle ailleurs: à l'approche de la réunion hebdomadaire de l'autre groupe, les secousses s'amplifient, un tremblement de terre semble se préparer. Il sera salutaire. Ce qui est branlant va s'effondrer, il ne restera que les parties solides. Le nettoyage sera automatique!

Après les centaines de choses que j'ai racontées et que chacun m'a renvoyé à sa façon, ma pensée, mon histoire et mes désirs prennent une réalité tangible. Tout cela devient solide et même plus, monumental! Pourquoi cela, je me le demande!... Le monument signifie en fait que je ne peux plus faire le fantôme, je deviens une réalité! Dans les retours du groupe, je perçois que le ressenti de mon image n'est pas toujours vu par les autres. Ce qui me paralyse ne fait pas du tout partie de l'image que les autres constatent. Il y a un consensus de positivité entre nous, je n'ai pas su me le retourner. Il s'agit bien d'une démarche de qualité!

jeudi 11 octobre 2007

LE MIROIR



















9ème § - LE MIROIR
Avez-vous déjà raconté votre parcours de vie en dix minutes devant six ou sept personnes? L'effet est étrange! Pourtant, je l'avais déjà fait l'année dernière! J'ai eu l'impression de trop bien connaître les personnes qui me faisaient face, soudain, je ne pouvais rien leur cacher! Jusqu' à l'évènement de mon arrêt professionnel!... Ma voix s'est bloquée dans ma gorge, je n'ai pu que dire: " Voilà, vous savez tout sur moi!" alors qu'il y avait encore trois ans à raconter!... Evidemment, ils ont été frustrés, ils voulaient savoir la suite! Ils ont même eu l'impression que je leur cachais quelque chose, que j'étais pudique! Je voulais pourtant qu'ils voient les choses terribles que j'ai dû vivre. Je me suis arrêté trop tôt de parler, je n'ai pas pu finir mon histoire! Redire tout ce passé m'a été pénible, en fait, je me suis trouvée empêché d'expliquer le rebondissement que j'en fais. Je pense qu'en fait ils le savent mais je n'ai rien pu en expliquer de plus! L'un d'eux m'a affirmé que, pour un enseignant de longue date j'étais plutôt timide. Mon humour qui se retourne contre moi est assez étonnant, cependant. L'accident de 2004 porte aussi des blessures qui remontent jusqu'à l'enfance et que, même avec ces difficultés, on allait pouvoir faire quelque chose de tout ça... J'y compte bien, c'est pour ça que je suis là! Un autre m'a parlé en appartée, il sentait de la déprime... Allais-je vraiment bien?... Il souhaitait m'encourager, je lui répond sur le thème de la résilience: tout cela me sert pour rebondir. Je sens qu'il a plus peur pour lui et qu'il aurait été bien que je puisse le dire à tous!... Mais quand j'en suis arrivé à la date fatidique, je ne me sentais pas de raconter mon retournement. A cet endroit-là apparaissait un arrêt brutal de tout ce que j'aimais, ça m'a fait mal. Je me suis crispé sur cette phrase: "J'ai dû tout arrêter!" Je me retrouvais complètement perdu! Ils me voyaient comme quelqu'un qui se cherche encore...

mercredi 10 octobre 2007

SENTIR

8ème § - SENTIR
On sonne!
Sonnerie ferme, très matérielle, forte! Impossible de ne pas l'entendre! Je fais comme un sursaut dans la réalité, sans bouger pourtant: comme le chat, immédiatement sur mes deux pieds entre sommeil et éveil.Ces deux états peuvent paraître très distants mais à cet instant-là, l'un semble attendre l'autre hors de mon moi conscient... Qu'en fait-il? Je décide de ne pas répondre. Je tâche de ne pas bouger, de sentir le passage à l'éveil, d'associer sommeil et éveil en même temps, de rester calme...

samedi 6 octobre 2007

LA TROMPERIE



















§ 7 - LA TROMPERIE
Ma mère!... Ma mère se trompe! Ce n'est pas d'avoir un appartement gratuit qui est un luxe immérité, dont elle aurait bien voulu m'éviter la honte au cas où... Ce n'est d'ailleurs même pas ce qu'elle me reproche - me reproche-t-elle d'ailleurs quelque chose, je n'en suis même pas sûr! - elle semble plutôt faire un constat dépité devant tout cet argent qui ne rentrera plus dans ses caisses mais que, finalement elle aime autant ne plus avoir à gérer. Elle ne possède ainsi plus ce pouvoir de le redistribuer qu'elle jugeait si important, pouvoir qui lui donnait une légitimité sans doute essentielle pour elle.
Elle nous le donnait au coup par coup. On ne savait jamais quand et quelques fois, aussi mais pas systématiquement, pour des gros coups durs de réparations mécaniques. Les enfants aussi en ont eu leur part mais l'irrégularité de ses dons leur a conservé une qualité de cadeau avec lesquels on s'offrait des plus, d'agréables luxes ou autres extras de vacances d'été sans restriction. Mais dans sa tête à elle, cet argent nous aidait à vivre bien qu'elle ne sache jamais trop ce qu'on en faisait. Ne plus être en mesure de le distribuer correspond maintenant à des restrictions: plus de coup dur, plus d'extras, une vie différente dont elle n'est pas sûre que j'ai bien pris la mesure. Elle ne cesse depuis un an de tourner autour de ce sujet comme pour me faire renoncer à ma demande d'appartement... Enfin, aujourd'hui, elle a cédé!
Ce n'est pourtant pas du tout à confondre avec la culpabilité supposée de mes matins gris. Il n'y a qu'un objet commun à ces deux histoires, l'appartement en l'occurence. Le problème est ailleurs, dans mon camp et, comme tous mes problèmes, c'est un énorme "jamais dit" qui se tapi au fond de mon être... Un vieux cauchemar d'enfant qui prend l'aspect d'un monstre fantomatique pratiquement invisible!
Ce matin, j'ai décidé de ne plus regarder l'heure et de ne me lever que lorsque je serai capable de le vouloir réellement. J'espère ainsi accepter une possibilité de rythme à moi, un rythme propre dans lequel je trouve une sérénité, une harmonie telle que je l'ai écrite dans mon projet d'avenir.

Je ne saurais écrire précisemment l'objet de la remémoration, l'histoire de ce monstre, son parcours. Monstre qui n'est celui-là même, seulement en raison de ma culpabilité latente et bien visible aujourd'hui. Mon objectif n'est pas de vouloir à tout prix le définir pour le faire disparaître comme le propose Jodorowsky... Quoique! Pourquoi pas, justement? Pourquoi ne pas se délecter de cette mise en lumière supposée? Se délecter, jouïr de ma propre histoire... Bien sûr! Mais au risque d'enfermer les autres dans cette enclave: c'est l'affaire de chacun de le choisir, diabolique ou angélique mais toujours mystique, c'est-à-dire profondemment humain.... etc!...
Mon objectif est plutôt de ramener le monstre à l'état de chien docile qui va à la niche quand on le lui demande mais qu'on cajole aussi pour se donner un élan d'altruisme! Chacun son chien et j'aime tous les chiens! Quand ils deviennent monstres, c'est qu'ils se chargent du poids des ancêtres à travers lesquels il s'est reproduit par mixité et désir de recherche du modèle idéal. On prend un peu d'untel, un peu de chacun et on se fait une grille de références dont tout le monde se fiche bien! De toute façon, on est sensé suivre le modèle républicain, l'"impur" du modèle coranique... Français menteurs, roublards, qui ne tiennent pas leurs promesses... Vaste programme! Mébarek m'a appelée d'Algérie, quelle joie! Mon schéma était devenu incomplet...
Les vacances de Noël viennent à point nommé pour engager un grand nettoyage dans la structure psychique!

mercredi 3 octobre 2007

DORMIR





















DORMIR
Envie de dire, envie d'écrire. Envie de poser sur les petits carrés de la feuille des choses diffuses qui n'ont plus trop de corps, plus trop de sujet!... Les réveils du matin, de CE matin n'est plus dû à une douleur, mon cou semble se libérer d'une tension, il s'articule librement... Une sensation de dématérialisation extrêmement agréable... Qui peut se perdre dans un changement de posture mais que je peux retrouver en me concentrant dessus.
Cependant, une bizarre impression, au réveil, les yeux encore fermés avant de bouger... Un vide ou quelque chose comme un horizon très plat, tout gris, dénué d'intérêt. De ce genre de lieu où il n'y a rien à faire, où on ne peut être maître de rien... une attente vide sans échéance connue. Un endroit de rien qui n'a pas de sens , pas d'objet, pas de goût, pas de raison. Un moment que je ne m'explique pas!... Encore un de ces moments organique sur lequel il faut choisir: soit j'y reste et je retombe dans l'univers onirique qui se réapproprie cet espace, soit j'ouvre les yeux et réinvesti le jour qui m'appartient avec toutes les activités ludiques que je me suis programmé. Il existe quand même une troisième possibilité: rester dans cet espace gris et voir surgir les affreux petits soucis avec leurs terribles conséquences cauchemardesques!... Ça, c'est très laid!

lundi 17 septembre 2007

MISERE ET SPLENDEUR


















5ème § - MISERE ET SPLENDEUR
Je m'agripe au livre de Mohamed Choukri: je ne veux plus le lâcher!
Je l'emmène partout avec moi, à travers la maison, ici ou là... Je le tiens comme un objet précieux et plus encore... Je le calle soigneusement au fond de ma paume, dans les pliures de mes doigts naissants qui l'entourent avec fermeté! Je presse ma peau contre sa couverture lisse, je la fais légèrement glisser pour en vérifier l'absence d'aspérité! Il est parfaitement inscrit dans un creux de mon corps! Aussi parfaitement que lorsque je l'aligne sur un angle du mobilier pour le replacer immédiatement au fond de ma paume...Il conduit mes pas, il leur donne un élan, un sens profond! Il a réussi l'exploit, de coller exactement à l'image idéale de la misère. Pas étonnant, puisqu'il ne parle en fait presque que de cela! Cette misère même que j'ai connue dans mon enfance, dans l'intimité profonde d'une enfance solitaire qui ne découvre de plaisir dans la vie, qu'à travers le désir sexuel!...
Y a-t-il autre chose à vivre aujourd'hui? N'y a-t-il pas encore et toujours cette misère du plaisir solitaire par une écriture dans laquelle je me sens solitaire encore?...
Ce matin, au bord du bord du trou, prêt à tomber dans cet autoenfermement où le désir de l'autre n'a plus de poids, où l'autre ne devient qu'un pantin sans consistance ou tout au mieux, d'autres egos échevelés, incompréhensibles et fantoches... Pourtant derrière moi, je peux voir le paysage se profiler, je sens que je ne tomberai pas! Devant, derrière, partout les immeubles se dressent, remplis de toute cette humanité qu'on peut tenter de partager... C'est pour ce partage que je travaille depuis plus de deux ans. Devant le trou depuis deux ans, c'est la première fois que je regarde derrière moi! Le trou se transforme alors en cachette dans laquelle je peux me réfugier, mon lieu intime où je peux jouir d'une totale liberté... Il se transforme en misère aussi: éternellement seul, mais visible de loin quand même, au regard des autres... Alors? Je me sens quand même bien enfermé dans mon appartement, celui-là où précisemment, je souhaite recevoir mes voisins pour un café, voir davantage!
Croire en cet atelier d'écriture... Mais dans les faits, en suis-je bien sür?... Suis-je bien sûr d'assumer un engagement de cette sorte? Suis-je sûr de tenir mes promesses? Est-ce que mon corps va suivre? Est-il en mesure physique d'apporter un plus, plutôt qu'un moins, aux personnes présentes? Si ce moins survient, ne vais-je pas désespérer de tout espoir de réussite? Je crains l'implacable désespérance... Elle ressemble à ce relent répulsif qui a fait de moi cet enfant rêveur. J'avais atteint le degré ultime de l'incapacité!... Le miroir restait très opaque, je n'y trouvais point de reflet... Je me cherche toujours chez les autres, je réclame qu'on parle de moi, je réclame d'entendre ce que je suis dans leur langage... Une reconnaissance où je puisse voir ce personnage que je suis pour eux et qu'ils le répète... Car une seule fois ne peut suffire: le portrait s'efface, je l'oublie trop vite, je ne peux pas y accéder moi-même... Aveugle! Je veux qu'on me le scande! Une exigence si grande, si constante, si obsessionnelle que je m'y épuise... Régulièrement, je m'écroule!...
LACHEZ! Rompez! Mais rompez, vous dis-je! Repos! Merci, messieurs!... Nous avons atteint le niveau trois de la mission qui nous a été confiée... Nous pouvons nous estimer satisfaits du travail effectué! Nous méritons une bonne tranche de repos, je vous souhaite de recharger les batteries du mieux possible, en attendant le prochain appel. Pour l'heure, vous êtes libres, le service des transports est à votre disposition pour que vous puissiez rejoindre les vôtres dès que possible... Bonne nuit et à bientôt!

mercredi 12 septembre 2007

DEBUSQUER L'ALIENATION

















4ème § - DEBUSQUER L'ALIENATION
La boucle de ma vie est refermée sur elle-même quand j'arrive dans ce lieu où j'ai déjà vécu vingt ans de ma jeunesse, il y a de ça trente ans auparavant! Aujourd'hui, me voici revenu... Je ne veux pas insister sur ce qui peut être imaginé à propos de ce que je vis chaque jour par ce retour! Un passé tellement présent que le présent réel en serait annulé! Je n'ai pas l'impression de vivre réellement entre ces murs, le retour du passé s'impose sans commune mesure!
Fais-je un séjour préparatoire en attendant une autre villégiature?... Je serais ici pour écrire l'histoire de mon existance à venir... Bien, me dira-t-on, très bien! Au moins, tu te prends en main! Tu sais te prendre en charge: tu construis ta vie!... Assurémment! Je n'ai rien d'autre à faire que cela!
En fait, c'est d'autre chose que je voudrais parler en prenant le stylo cette nuit! Je voudrais parler de ces choses existencielles... Mais l'écriture se sauve, elle n'est déjà plus là à se réclamer de ma vie, de mes heures, de mes minutes. Elle s'est éloignée sans rien dire jusqu'à disparaître dans un horizon improbable... Cette écriture de carnet intime, cet intime de l'écriture de mon autodiscours, celle que j'aime bien écrire ici de cette calligraphie fine, allongée, serrée de ses lettres pressées dans les carreaux de la page d'un bord à l'autre. Les mots font corps, corps de textes dans la page, carnet-corps où j'ai déposé mon intime, celui que je cherche maintenant, celui que je veux délimiter, ici ou là, pour ne pas le répandre à tord et à travers dans des oreilles indiscrètes, médisantes, surtout trop facilement médisantes! L'intime de moi, on ne me le demande pas alors que je l'annonce à tout bout de champs!... Et pour me faire entendre, je l'ai transformé en abstraction! C'est pour cette raison que le déplacement anthropologique m'a interessé. Je me prend ainsi pour une certaine sorte de personne, dans une certaine catégorie. On me pose des questions comme si je faisais partie de cette catégorie spéciale que je ne connais pas moi-même, que personne n'a même vraiment encore abordée... Je me surpend ensuite à donner des réponses qui correspondent à ma logique personnelle d'individu solitaire. En filigrane, j'entend une interprêtation faussée de ma parole: je passe pour quelqu'un qui fait partie d'une certaine classe sociale mais celle-là bien connue! Faudrait-il alors mettre en scène les rituels quotidiens et tenter de les suivre au plus près, ceux-là même dont il est habituellement convenu de ne pas parler, ce qui les dénoncerait peut-être! Ce qui nous obligerait alors à prendre conscience de notre alliénation! Faudrait-il donc ne pas les écrire pour se donner la liberté de les modifier au gré de nos envies, sans que ça se remarque, sans qu'il s'y note une erreur, une faute, sans surtout réveiller une culpabilité omniprésente?... Faut-il vraiment être de bons enfants bien sages, qui font bien tout ce qu'on leur dit, tout ce qu'entre eux ils se donnent le devoir de faire. Est-ce vraiment le seul moyen d'avoir bonne conscience les uns envers les autres? Comme si, sans ce cinéma de façade, on pourrait tous devenir des sauvages qui s'entreturaient allègrement?
Moi aussi, j'ai des rituels: dessiner, peindre, faire des photos, etc... Ecrire! Chaque moment de mon existence devient un épisode dont les actions sont le fait de mon choix personnel. Les autres y sont impliqués selon la liberté qu'ils en décident... La grande condition se situe là: article numéro un du contrat de vie: sans cesse débusquer l'aliénation pour donner son caractère de vérité à la communication... Ce qui s'appèle "gagnant-gagnant"?

jeudi 6 septembre 2007

LA PRATIQUE DU DOUTE















3ème § - LA PRATIQUE DU DOUTE
La réalité que je croise tout au long des jours a parfois un goût rance! Il y a assuremment quelque chose qui ne tourne pas rond! Je me retrouve dans l'incapacité de m'asseoir au soleil de peur de sombrer dans une infinie tristesse qui serait dûe à une nostalgie supposée du passé. Je me sens plutôt attiré vers mes visites dans les lieux de soins aux malades, aux infirmes et aux vieux! Quand je pénètre dans les sphères de l'aide sociale, je crois fermement que ça va mieux pour moi! Il doit y avoir un leurre dans cette histoire, ma vérité n'est sûrement pas là!... Ça cache quelque chose. On dirait qu'il s'agit d'un grand dénuement qu'il vaudrait mieux cacher pour une survie possible...
Mais d'un autre côté, il y a une sorte d'autorité supérieure qui me guette à tous les coins de rue, dont il faudrait que j'obtienne l'autorisation pour vivre de façon autonome. Car il a bien fallu que quelqu'un de compétent me suggère ce droit et le justifie par la même occasion. Il me semble ainsi impossible de vivre sans ce droit. Pourtant, il apparaît que je ne puisse seulement "me le faire croire" et qu'on pourait s'en passer grâce à la raison. Parce qu'on l'aurait intégré, fait sien, au point de vivre avec sans même avoir à y penser, à la façon d'une seconde nature. Ce phénomène sous-entend alors une confusion entre une autorité supérieure et une nécessité sociale des lois du vivre ensemble. A travers ces lois, on devine une absence de respect d'autrui innée à notre nature.. J'avais cinq ans à l'école française de Casablanca et j'ai ce souvenir de commencer cet apprentissage scabreux d'une autorité en porte à faux et maladroite de surcroît. Pour moi, le monde social se divisait déjà en deux camps. Il y avait déjà de la douleur et une lutte à mener dans cette vie enfantine: il fallait trouver une faille pour s'en sortir! Manque de confiance sans méfiance cependant, manque de confiance en pleine confiance si l'on peut dire! Car la pratique du doute était devenue épidermique à mon insu, agissant par surprise, profitant de la moindre insouciance pour s'immiscer loin en amont et se jouer de moi par la torture mentale! Aujourd'hui, c'est une immense fatigue qui m'envahit, qui se manifeste. Une fatigue qui n'a aucune cause mécanique, aucune raison d'être. Je la sens dans le demi-sommeil. Elle vient se manifester en réclamant une reconnaissance, une justification. Elle vient provoquer les récits oniriques extravagants de mes nuits, ceux qui disparaissent de ma conscience au petit matin en se condensant dans des théories criantes de vérité! Et quand j'ouvre les yeux sur le réel, sur ces choses qui, chaque jour ont la même image, la même texture, la même immuabilité, j'ai envie de me sauver avec ma nouvelle vérité pour qu'elle puisse s'épanouir, elle, si bonne, si générense, avec son langage d'espoir, d'avenir!
Je ne veux pas croire que c'est une bouffée délirante! Je veux simplement dire que ce sont des mots, que c'est une histoire faite de phrases assemblées qui ne se répètent jamais, chaque fois nouvelles, constitutives d'un objet-texte qui se déroule, se démultiplie indéfiniment... Que je peux aussi aimer lire quelques temps plus tard!

mardi 4 septembre 2007

VIVRE OU MOURIR?










2ème § - VIVRE OU MOURIR?
Petite sieste, cet après-midi... Pendant laquelle il me semble réaliser mon dernier sommeil!... Un sommeil ultime, celui dont on ne se réveille plus jamais! Dans le demi-sommeil, je me sens être celui qui ne sait pas encore revenir à la réalité, je me sens très maussade, conscient d'avoir râté la fin, conscient aussi qu'il s'agit d'une invention romanesque qui n'a rien à voir avec le réel d'une vraie fin! Je n'entend ni ne sens vraiment mon coeur battre... Je me dis qu'il peut s'arrêter... Que peut-être, il s'est approché très près de l'état où il peut s'arrêter... Je me réveille alors vraiment et observe distinctement la naïveté de l'histoire... Aurais-je peur de mourir? Est-ce que ce n'est pas plutôt de ça qu'il s'agit et qui me rend maussade en place d'être paniqué?... La panique est un appel, le "maussade" est un abandon! Mais le maussade est dépassé: ce que j'ai à faire est quand même plus interessant que d'attendre de mourir! Ça me semble soudain beaucoup plus facile, plus normal... On peut décider de sa vie mais pas de sa mort... Elle ne nous appartient pas!
Quelques temps plus tard, alors que le vrombissement continuel des moteurs s'atténue entre les façades résonnantes de la rue de la Libération, je viens enfin de voir le ridicule de la situation! Une espèce de drôle de lucidité m'en fait parvenir une sorte d'image filtrée dont je ne saisissais pas la teneur jusqu'à présent!... Combien d'absurdités ai-je dû ainsi inventer pour arriver, ce soir, devant le fait accompli! C'est en réécrivant les réalisations probantes de mon parcours professionnel que j'entrapperçois la confusion dans laquelle je suis tombé... J'ai envie d'en rire!... Puisse la pudeur me préserver!... Vu que je n'ai cessé de dire jusqu'à présent que personne ne se rend compte de rien à mon sujet, ce dont je n'ai cessé de me plaindre (!) Je deviens maintenant capable de pouvoir dire qu'heureusement, personne ne peut non plus discerner le ridicule de ma situation! Cela me saute aux yeux! Rien ne vaut alors un bon petit retour sur expérience lorsqu'il s'agit d'en sélectionner certains contenus! Je prend alors conscience de la maladresse des énnoncés, de la confusion et du manque de recul... Tout s'embrouille au point qu'on ne peut même plus comprendre l'essentiel! Je décide de tout reprendre à l'envers: qu'est-ce que je veux montrer? A travers quelle expérience vais-je le prouver?

Puis, retour sur le souvenir des derniers moments de bonheur de mon existance... Quand ma fille était petite... Pourquoi le bonheur s'est-il arrêté là?... Un quotidien familial qui me pourrit progressivement la vie jusqu'à une situation générale devant laquelle je reste passif! Une dernière petite goutte et le vase déborde!... C'est en revoyant mes deux voisines avec leurs marmots, leur bonheur affiché et le mien de jadis, en contraste avec le baratin qu'ELLE m'a exposé au téléphone pendant que les unités payantes défilaient sur mon compteur... Je ne peux pas croire qu'il faille que j'en passe par là! Après une vie de couple "merdique", le goût que j'ai dans la bouche est amer. La mixture est difficile à avaler!... Partir seul sur cette route où personne ne viendra plus m'entraver, aller à ma façon à moi pour continuer cette "drôle" de vie. Mais alors, comment faire mourir cette mauvaise conscience?...

jeudi 30 août 2007

VOICI UN NOUVEAU CHAPITRE!

Aujourd'hui, c'est le chapitre IV qui commence! Sans doute le dernier avant un prochain recueil de textes. Il va sans doute m'amener à clore cette période de vie très particulière... N'hésitez pas à reprendre les anciens textes pour suivre l' évolution, nous arrivons au bout de nos peines!
Bonne lecture.

chapitre IV - §1 TENIR BON!

1er § - TENIR BON!
Tête brûlante!
Sept heures, plus moyen de dormir!... Trop violent, le mal de tête galoppant, familier... Un vraie "sciatique" de la tête, proprement implacable! Devant cette catastrophe, un seul remède: la philo!... Deleuze en l'occurence, quand il parle de la pensée de Foucault! Il ne faut pas hésiter! C'est tout ce qui peut être possible de faire en passant par quelques séances de dégrossissement sur internet, une petite lecture de notes avec un copain et enfin, de la lecture directe dans la joie d'y lire enfin quelque chose de tangible!... Le mal de tête galoppe toujours dans la tête!... Je tente un nouveau réveil en me replombant dans la position du gisant, celle qui fait le moins mal... Ne plus bouger, fermer les yeux et attendre.
Tant pis si ça doit durer toute la vie! Tant pis si rien n'est possible contre cette perversité, tant pis si... Il s'agit de maintenant, il s'agit d'en sentir le moins possible... Je repars progressivement dans un sommeil plombé...
Quatorze heures, je décide d'arrêter. L'épaule me tire toujours, je me sens coincé dans un torticoli subtil alors que la "sciatique" de la tête a disparu laissant place à un crâne brûlant... Ça ne fait pas mal... Je m'en sors bien, je suis plus que satisfait! Façon d'approcher la petite mort? Celle qui ne tue pas mais qui en donne juste l'illusion?... Satisfaction d'avoir surmonté la difficulté, de ne pas tomber dans des "signifiants" aussi ridicules qu'inutiles!...
Je ne veux pas que ma blessure ait d'autres sens qu'elle-même! Tout ce que je peux en tirer, c'est ce que j'ai dit plus haut, c'est le bonheur de devoir prendre soin de moi-même!... En prenant soin de moi, prendre soin d'un corps handicapé de la même façon que je désire prendre soin des autres en fin de vie, en maladie, en marge de la société... Possibilité de leur apporter l'outil de leur désir... D'autant plus que je dois aussi faire ça pour moi!... Relation compassionnelle avec moi-même... D'ailleurs, je fais jouer cette compassion à ceux dont c'est le métier de m'aider... En échange, je tente de prendre soin de moi en construisant des stratégies pour les autres de la marge. Pas pour ceux qui sont les "normaux"! Ceux-là doivent se débrouiller seuls. Je n'avais pas besoin d'eux et ils n'ont pas eu besoin de moi. Aujourd'hui je bascule dans la relation d'aide et je veux donner le change!
Dans ce soin de moi, il y a aussi la complaisance de l'autoprotection. Devenir l' intermédiaire de la personne qui m'aide, son relais pour ce moi fragile. Relais qui prend en charge sa propre efficacité, pour la redistribuer chez tous les autres, efficacité rendue au centuple. De ce fait, je me sens accompagnée et conduite dans mon action quotidienne, de ce fait, je sors de cette interprêtation stupide et nombriliste qui peut avoir sa vérité mais ne suffit pas pour rebondir hors d'une fatalité... Analyse vaine, sans avenir, jusqu'à l'accusation!... Ceci est mon ressenti intérieur. De l'extérieur, ce peut être un constat. De ma place, je dois me positionner vis à vis de ma relation aidante. Constat du présent actuel, le passé part au placard, quels sont les moyens dont je dispose? Que puis-je décider de faire?...
Chaque jour, mon état atteind un niveau critique!
Chaque jour, il me faut réaffirmer mon projet, vérifier qu'en toute circonstance je suis encore et toujours prête!
Chaque jour mon corps me propose de nouvelles difficultés, souvent indescriptibles, innévitables... Provoquant des difficultés mentales: pertes d'assurance, flous, incompréhensions, mystères... D'innombrables choses cachées prêtes à surgir pour remettre en cause le projet. Les cartes ne s'étalent jamais sur la table!
Chaque jour, une nouvelle carte surgit qui cache les autres, comme un jeu qui n'en finit pas!... Impossible d'attendre tranquilement que les choses arrivent d'elles-mêmes dans un temps imparti!... Impatience? Ou seulement signe de l'impatience? Nervosité? Incrédulité peut-être?... Pourtant, j'ai mille activités possibles qui corroborent aux apprentissages à venir... Quelle soif m'étreind?... Etc... depuis deux ans que ça dure!... Mais au bout se profile la fin de la procédure d'aide... Un avant-goût de panique: la pire chose! Ne plus être accompagné, ne plus avoir d'entretien... Alors que je n'en ai que très peu en fait! Comment accepter que cette période se termine?
Quelqu'un m'avait souhaité quitter ce "noman's land" impossible, le genre de relation qui ne peut absolument pas durer... J'avais voulu y croire un instant, comme un grand soleil qui apparaît soudain au lever du jour sur la mer! Ne restait de moi qu'un dégoût de mon désir, un dégoût des autres, de leurs corps, des choses du quotidien... Sauf les chevaux!
ça, c'était avant...

lundi 20 août 2007

Dernier article avant le chapitre suivant...

ATTACHEMENT et PANIQUE


§ 12 - ATTACHEMENT & PANIQUE
Je voudrais bien, ce soir, raconter cet attachement que je sens si doux!... J'y suis décidé, après une espèce de valse hésitante qui m'a fait renoncer souvent à le "coucher" sur le papier.
Passage à l'acte refusé autant de fois que possible jusqu'à présent! Je n'ai pas voulu le gâcher par maladresse, par exemple: écrire le mauvais mot par précipitation, gâcher ce que je considère comme un trésor, plus encore, une véritable bouée de sauvetage à laquelle je suis conscient d'être accroché... Quand je voulais en parler, c'était parce que je voulais le lui dire... Mais cela ne pouvait se faire: c'est son métier d'aider, ce n'est pas sa vie entière! Il n'y a jamais eu d'accroche de sa part... Si je me permet cet attachement, c'est sous condition d'en rester lucide: Je me sens autorisé à fantasmer tout ce que je veux pourvu que je ne lui demande pas de partager sa présence dans mon émotion. Cela doit rester tacite, secret, non partagé.
Ce soir, je n'ai pourtant plus cette impression de céder à une impulsion désordonnée, encore moins de gâcher quelque chose... J'ai la très nette impression qu'il est possible de le raconter: extérioriser le secret au risque de la dépossession devient possible, comme s'il n'y avait plus de danger à le faire maintenant... Quel danger? De quel danger s'agit-il?... Faire n'importe quoi sous le coup de l'impulsion au point de rendre le secret "dégoûtant"? Ou bien encore danger de faire perdre au secret sa valeur, sa fonction même de secret! La soudaineté du phénomène m'a souvent étonnée: n'y a-t-il pas une erreur quelque part?... Et puis, tout réfléchi, non! Je sens chaque fois d'une nouvelle façon que c'est possible!... Aujourd'hui, je veux tenter!
En fait, je commence par écrire cette possibilité qui m'apparait de pouvoir répondre au désir. J'écris deux pages, puis, soudain je pars dans un sommeil étonnamment profond et merveilleux qui n'a de cesse de me surprendre par sa sérénité!... Avant que le jour ne se lève, j'ouvre un oeil fort étonné de me sentir si bien, dans du coton comme on dit, d'être un tas de chairs relâchées, molles, étendues là, sur ce lit, sous le tulle... Comme une bonne pâte à pain qui repose en s'étalant doucement, imperceptiblement sous l'effet du levain! Je suis en train de fermenter, d'être en passe de devenir ce pour quoi j'ai été fabriqué!... Est-il besoin de dire que je choisi de conserver ce moment-là comme signifiant, porteur du sens de ma présence humaine sur cette terre? Que, prolongeant ce repos merveilleux dans un rapport contraire à la nuit précédente qui a été remplie d'angoisses et de douleurs physiques, que, plusieurs petites séquences de sommeil finirent par me renvoyer dans un vrai "très mal-être" existentiel et que, renonçant à prolonger cette chutte indubitable, je décide de me lever et tente de récupérer une raison d'être parmi toutes celles que j'essaye de construire depuis des mois... Je ne veux pas m'affoler, je ne veux pas sombrer dans cette panique qui me dépossède de mes moyens, de ma volonté, qui m'anéenti, qui me démoli, qui me réduit au rang de larve... Je reprend mon écriture, elle seule peut me caresser, je reprend mes carrés de couleurs qui peuvent, eux, m'enchanter... Cela doit pouvoir sembler suffir à rester en vie tranquillement dans cette journée... Pourquoi pas?
Accepter cet état de convalescence, accepter d'être là, exposé au soleil ou aux nuages comme les grands arbres, les pierres, le ciment de la restanque... Exposé peut-être aussi au regard des autres, de la jouissance des autres... Faire parti de cette famille où je suis ceci et cela, appartenir à quelqu'un, assumer cette appartenance, la jouer dans la demande de l'autre, dans le temps partagé de l'écoute, apprendre ce rôle, trouver la pratique de la fonction à vivre pour l'autre, en construire le sens, en échanger la logique... Larmes aux yeux!... Devenir quelqu'un pour quelqu'un d'autre tout en restant moi-même et investi par la parole de l'autre... M'aurait-on tué dans cette vie de moi-même au point qu'il ne me reste qu'une enveloppe vide! Je suis son contenant inutile qui cherche avec acharnement quelque chose à mettre dedans... En sachant bien l'ennui de ces choses qu'on peut y mettre... Ne rien y mettre? Ou bien y mettre des choses à partager avec les autres, une espèce de bien collectif pour arriver à parler d'égal à égal, là où je sais trouver une place!...

PANIQUE?...
Là où j'ai été, je ne suis plus... J'ai perdu ma place, je n'ai plus su la tenir. J'ai dû partir, fuir!... Aujourd'hui, je suis là, non plus dans cette place que j'occupais et pas dans une autre... Entre deux. Je suis seul à pouvoir le dire mais ça ne me donne aucune place en présence des autres! Je crois que tout m'est interdit, surtout l'argent que je reçois! Je me sens seulement autorisé à le redistribuer à qui de droit, sans plus! Le débat intime est ouvert pour éclairer la situation présente, mise à plat de la charge du passé dans le temps présent... Je voulais raconter la volupté dans laquelle j'étais plongé avec ce sentiment de protection que je m'étais inventé sur le dos d'un autrui consentant, dans l'unique but de survivre... C'est pas tous les jours qu'on peut y goûter à la volupté mais quand on le peut, ça renforce le sentiment de protection!
Je n'ai pas rempli mon contrat de désir d'écrire, de "coucher" cet attachement sur le papier... Je n'ai pas "couché" la souffrance à laquelle je me suis prêté, dans la beauté d'un texte écrit dans l'état second de la douleur... Texte pour me consoler? En lieu de cela, j'écris une analyse des processus de protection qui m'amènent à adopter l'écriture le dessin, les rencontres, l'écoute... Et puis je me jette sans vergogne dans un poids fictif du passé... La belle affaire!... L'exil, la mort, les contraintes... Les échecs de la vie, les répétitions... Le destin? Mais en sus, la beauté d'une esthétique de la souffrance par le texte, l'émerveillement de ses subtilités dans le langage et la possibilité enfin de n'en plus souffrir!... et même d'en jouir!
Devant moi se profilent d'innombrables heures de méditation en faisant des petits carrés de couleurs et d'innombrables moments pour "coucher" des textes sur le papier et d'innombrables moments à me renconter dans le regard de l'autre... Tout cela est bien suffisant pour faire une vie! Point tant de désespoir à avoir... Et pourtant, chaque instant en est rempli!

dimanche 19 août 2007

SOMMAIRE DU 3ème CHAPITRE:






















§ 1 - LE FANTASME DE L'ECRITURE
§ 2 - L'EN-SOI
§ 3 - DECOUVERTE D'UNE DEMARCHE
§ 4 - COUP DE GRISOU
§ 5 - LE REVEIL
§ 6 - L'ENTRETIEN
§ 7 - UNE FABLE
§ 8 - FABULATION
§ 9 - PRECARITE
§ 10 - ESPOIR
§ 11 - LA RECONNAISSANCE

et pour la prochaine publication,
ce dernier paragraphe avant le 4ème chapitre:
§ 12 - ATTACHEMENT & PANIQUE

ESPOIR et RECONNAISSANCE


§ 9 - ESPOIR
Je me lis dans un livre, j'y lis ce que je suis, avec mes fantasmes qui mélangent mes sensations et révèlent mes désirs. J'y joue avec mes doutes pour mieux les contrer, pour dire oui à tout ce discours de l'autre, comme si j'en devenais l'exemple véritable lui-même! Pour dire que ce n'est pas que de la littérature mais c'est surtout la vie elle-même mise en mots!...
Je reste stupéfaite de la similitude avec le personnage! Là, sur cette page, je "vois" soudain, je reconnais le condensé de ce je fabule avec les personnes qui me viennent en aide depuis deux ans! J'y lis ce qui me revient régulièrement, ces sentiments exprimés par les mots eux-mêmes, je les ressens au travers de ces mots, les mots me les font revivre!... Miracle!... A la page suivante: "Je voulais croire à nouveau à mon boulot... J'avais besoin de garde-fou..."
A moi, le tour de me faire mon projet, de fabriquer mon futur avec mon passé, de prendre ce qui peut être pris et de jeter ce qui ne me concerne pas. S'installer là-bas! Oui, tous sont d'accord mais ça me semble bizarre qu'ils me disent qu'eux aussi le feraient volontiers... Comme un défaut: pourquoi si je dis le nom de cette ville, tout le monde le dirait aussi? Est-ce que pour une autre ville , ils auraient la même réaction?... Est-elle vraiment une ville magique? A cet instant, je me donne l'objectif de trouver comment!

§ 10 - LA RECONNAISSANCE
Ce matin, tout le monde retourne bosser sauf moi... Ça fait deux ans que ça dure et cette fois-ci, c'est la troisième année... Grande culpabilité! Très grande culpabilité!! Je me sens comme un enfant dont on surprotègerait la sensibilité en la soustrayant du collectif que tout le monde subirait... Une espèce de privilège à l'envers!... Absurdité! C'est irrationnel!!... Mais impossible de me l'enlever de la tête, ça ressurgit sans cesse du plus profond du fond du crâne!... Je tente de l'enfouir sous des questions difficiles: comment faire un métier? Comment travailler pour obtenir un vrai salaire? Je me fais croire que je sais y répondre mais je suis terrifiée par la peur de ne pas y arriver!!!...
Pourrai-je cesser un jour de souffrir pour continuer la vie que je veux "mener"? Comment ce projet peut-il avoir lieu en ne souffrant plus? Comment pourrai-je lâcher cet entrainement quotidien à la souffrance, comment le reléguer et l'envoyer dans le passé? Comment échapper à cette chronicité de la souffrance après tant d'efforts pour m'y soumettre et arriver à l'accepter?...
"Faites ce que vous avez à faire..." cela et seulement cela sans m'occuper du reste... Le reste, l'administratif... "Je m'en occupe..." semble-t-il dire!
Aujourd'hui, je veux l'écrire! Je veux écrire cet incroyable accompagnement qui dure depuis deux ans et qui me renvoie à toute ma vie!... Comment cela peut-il n'être qu'administratif?... Alors, je prend mes couleurs et je remplis les petits carrés de mon carnet... Mon esprit lâche doucement les vanes et s'écoule, une sorte de tendresse m'envahit... Je veux croire qu'elle vient d'ailleurs, de quelqu'un d'autre... Qui pourrait bien me l'inspirer? La réponse est là avant la question, je ne la pose que pour mieux y répondre... Même lorsque je ne réfléchis pas, c'est toujours la même réponse: le même nom surgit dans la seconde qui suit la question!...
Il s'est prêté à ce jeu, il ne peut pas l'ignorer, pensé-je en sachant très bien que s'il m'encourage à être mon propre sujet, le reste est mon affaire et qu'il ne s'en mêlera pas... Je me dis alors, pourquoi ne me permettrai-je pas d'imaginer cela? Pourquoi me sentirai-je obligé d'installer un interdit? Ni lui ni personne ne m'y oblige!... Une bouffée de reconnaissance m'envahit, je le sens soudain très proche de moi, au creux de l'oreille... à fleur de peau! NON! Je sais qu'il ne faut pas le faire, il faut juste l'imaginer!... Aussi fort, aussi souvent que je veux, mais il ne faut jamais le faire!... Je l'ai déjà entendu refouler mes élans avec habileté et bienveillance, installant ainsi les limites du possible... Mais, mais, mais... Quoi?

samedi 18 août 2007

FABULATION et PRECARITE


§ 7 - FABULATION
L'autre jour, je sentais mon corps léger et svelte. J'ai pensé que c'était comme ça que je devais le sentir étant enfant. Je dormais encore, c'était le matin... Toute la nuit, j'ai révé d'un texte qu'une militante communiste m'a donné, qu'elle a reconstruit et que j'allais écouter... J'ai révé d'un poulain qui naissait d'un coup: un jeune se vantait de l'avoir lui-même expulsé!
J'attend des heures avant de me lever et de travailler... Des heures pour que mûrisse le souvenir de ces actes accordés hier à une quidam. Il ne reste que cette envie de vomir, ce dégoût, cette négation de moi-même. J'ai très bien senti et observé la montée du phénomène d'attirance-répulsion comme si et de fait, je le connaissais par coeur! Et là, pour contrebalancer ça: le rien, seule une solitude immense, un désert absolu! En cette place-là, personne!... Un endroit où jamais personne ne vient, même pas ceux qui sont désignés socialement pour m'aider... Est-ce un endroit impossible à atteindre? Ignoré, inconnu? Comment se fait-il que je m'y trouve? Comment ai-je pu y entrer? pourquoi ne puis-je pas en sortir?... Je m'y sens comme enfermé... Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment je n'y serai plus? Comment serai-je sûr à ce moment-là de ne plus rien avoir à faire avec ce lieu-là?
Note: à ce moment-là de ma réflexion, l'envie de vomir m'a déjà quitté sans que je puisse dire ni comment ni pourquoi!
Autre note: comment le café constitue-t-il un réconfort?

Temps X marqué par la nette sensation que, des bras secourables sur l'objet réel de mon isolement n'existent pas, que, c'est là qu'existe mon désir de l'autre, que, ceci est sans doute le schéma d'un amour d'enfant mille fois perdu... Un amour d'enfant qui n'a jamais mûri, dont personne ne peut vouloir, ne serait-ce que par respect de mon propre individu... Alors, je joue le jeu! Devant les autres, je fais comme si ça n'existait pas, comme si c'était un autre monde, un monde imaginé de toute pièce! Fabulation... Mentir en sachant que c'est la seule façon de se faire admettre... Contradiction fondamentale d'un malaise sans fin!

§ 8 - PRECARITE
Inscription dans un tableau administratif. Objet vide et inerte... C'est moi. Puis le tableau est refait: il est illustré. Il se divise en sous-tableaux sympathiques.. Je les ai créés moi-même, tout est satisfaisant! C'est l'image visible directement dans ma conscience à la seconde fulgurante où je sors du sommeil... La journée démarre là-dessus, je me sens en pleine possession de mes moyens.
Ou bien, la partie de ma tête qui repose sur l'oreiller est prise de fourmillements, au bord de l'insensibilité. J'entre, dès lors dans un processus d'angoisse... Un seul désir: me rendormir. Rève: Le temps d'un silence, ma compagne vient de disparaître sous mes yeux: je la vois soudain fixer un point très proche dans le crépis du mur, le temps de le trouver et son image disparaît.Je suis persuadé qu'elle vient d'effectuer un déplacement astral. Je me sens littéralement transporté dans la joie!... En fait, je me sens extrêmement fatigué, j'ai très mal aux jambes. Je n'arrive pas à croire que cette douleur soit aussi intense, je me rappèle avoir couru en montant quelques escaliers mais c'est plutôt ce qui a motivé cette cavalcade qui est douloureux! Je courais après mon cartable... De le savoir perdu me renvoyait à toute la symbolique qu'il représente. Alors même que cette perte de l'objet ne constitue absolument pas la perte d'un savoir, je ressens une absence, un vide envahissant qui me bouscule , qui me pousse à agir dans l'urgence sans que je sache quoi faire...
Suis-je simplement envahi par l'angoisse d'une perte ou bien s'agit-il de la souffrance de toutes les pertes que j'ai subi récemment et que je refoule? Refoulement ou souffrance qui profite de ce lapsus de cartable oublié dans le métro, pour occuper le terrain... S'il y a refoulement, ce n'est pas systématiquement de ce qu'on aurait voulu garder, je refoule aussi ce que je veux ne jamais revoir. Un lieu-piège, lieu douloureux. Un lieu à fuir pourtant seul lieu actuel qui constitue le "chez-moi". Il s'agit de passer de mes multiples lieux de logement d'étudiant, occupés avec bonheurs et péripéties innoubliables à un no man's land: une fuite puis une mise à la rue volontaire... Interdiction, coup de boule, prison... J'ai mal, profondément mal! Coup de boule pour rien, simplement parce que je suis là, à nouveau là où je ne veux plus être et que c'est comme ça quoique je fasse, quoique je cherche à prouver, quelque reconnaissance que j'obtienne... Pourtant, je vais partir, je déménage, tout ça n'a donc pas servi à rien!... Suis-je dans un rève ou dans la réalité? S'agit-il d'un passé auquel je ne peux me soustraire? Ne peut-on pas "gommer" le passé? M'y suis-je "trop" coltiné et le voilà qui me colle après?
Sensation de faire n'importe quoi, de n'avoir aucune consistance.
Sensation de ne pas savoir ce que je fais, d'en être incapable.
Je me surprend en train de faire des choses qui n'ont pas de sens tout en ayant l'air de choses banales.
Un secours instantané traverse mon esprit du côté de tous ceux qui m'ont aidé par le passé, à travers des paroles de dédramatisation.
Des paroles de normalisation des troubles que j'ai moi-même dénoncés.
Des paroles qui me donnent le droit d'user de ce décalage mental.
Des paroles de garantie.
Des paroles d'impunité.
Une possibilité offerte de vivre en toute quiétude!...
Je me rebiffe brusquement: je ne veux pas de cette quiétude, je veux soudain réparation, je veux la reconnaissance! Mieux! Je veux qu'on me réclame!...
Personne ne m'entend! Personne n'inclu ce champs-là dans le processus d'aide. J'ai été largué vers un non-retour avec encouragement à ne pas regarder en arrière... "Ah oui? Vous trouvez que la machine fonctionne mal?... Pas d'problème! Vous allez prendre la porte tranquilement... On vous assiste avec des vivres et tout ce qu'il faut! Allez, vous pouvez partir et tâchez de ne plus revenir!

mercredi 15 août 2007

INVITATION dans l'INTIME...

l'ENTRETIEN et... une FABLE,

§ 5 - L'ENTRETIEN
Jeudi dernier, je l'ai rencontré. Il m'a posé plein de questions...
C'était du genre: maintenant que vous avez obtenu votre certificat, vous sentez-vous mieux? Y trouvez-vous une identité nouvelle?...
Je ne peux pas répondre par l'affirmative, j'exprime surtout ma détermination personnelle mais je n'y vois pas la reconnaissance. Pourtant il y tenait! J'imagine quelque chose de similaire s'est passé ainsi pour lui et ses collègues qui leur a permis d'atteindre leur niveau de professionnalisme, celui-là même que je leur envie!
Peut-être m'a-t-il senti plus fort, il s'est mis à me taquiner, à renvoyer les angoisses, celles que je lui disais être celles de ma mère... Des sentiments de dévalorisation... Vous voulez me les faire porter? L'air de dire: vous ne désirez pas faire cela , n'est-ce pas? Ce n'est pas dans vos intentions? Ce n'est pas comme ça que je vous connais... C'est pourtant ce que vous venez de faire!...
Je suis resté sans réaction, anéanti toute la journée! Je me sentais mal, vide, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait! Aujourd'hui non plus, je ne comprend pas ce qui m'habite... Je ne comprend qu'une chose, c'est l'action. Mais je ne peux mener aucune action, je ne peux plus rien faire à part être utilisé par les autres...
Il m'a souhaité bonnes vacances... Encore faudrait-il travailler pour se sentir en vacances! Je me vois courir après du rien, j'ai l'impression de me jeter dans le vide!... J'ai tenté toute l'année de donner une certaine consistance à ma quête mais ici, tout perd sens!... Ici, c'est le pays où tout perd sens, c'est le pays où j'ai tout perdu!.. Quand j'y reviens, c'est comme si, soudainement je perd tout ce que j'ai construit ailleurs!...
Pourtant, tout est noté, enregistré, photographié... La richesse est là, dense, pleine de sens, pleine d'avenir! Ici, tout disparaît, tout s'annule... C'est tout simplement vertigineux!

§ 6 - UNE FABLE
Un soir, j'imagine que la veille, j'ai dû ouvrir les yeux sur une évidence que j'avais complètement fabulée! En laissant cette fille me toucher les mains, m'étreindre sans résister au moment de notre séparation, en analysant à la fois son désir, son ressenti et le mien au plus près, je prend conscience de la réalité de ces choses... Sans parler de Dieu, elle parlait d'amour et de poésie... mais trop d'amour. Ça m'a gavé! Je me sens d'autant plus seul et bien déterminé à ne plus rien aller chercher de ce côté-là!
Je me vois une deuxième fois découvrir la vie comme un nouveau monde chargé de merveilleux. L'avidité de mes débuts est bouclée, il s'agit maintenant d'un monde connu, le milieu culturel, les organisations humaines... Phase d'exploration terminée.
Reste une désolation totale: personne à qui parler pour de vrai, aucune connaissance avec qui causer un bout... comme si je ne connaissais personne ce soir. Personne à qui savoir dire: "ça ne fait rien, t'occupes pas de ça... ça n'en vaut pas la peine! Tu sais où tu vas, occupes-toi de ton objectif, y'a que ça qui compte!" ne sais-je vraiment même plus le dire? Mon objectif a-t-il soudain perdu toute son intensité? L'aventure est-elle en train d'éteindre sa flamme?... Quelle solitude soudain!... Je vois les gens, j'ai envie de vomir! Je ne veux plus les voir... Trop d'attention toute cette nuit... Fatigue sans doute.

dimanche 5 août 2007

samedi 4 août 2007

COUP de GRISOU... le REVEIL!

















§ 3 - COUP DE GRISOU
Je me suis endormi tôt hier, Dix heures trente.
Le coloc m'a réveillé plein de fois en fermant les portes bruyamment... En dormant, j'entendais comme un vacarme!
Ce matin, sept heures. Je n'écris pas les mots justes qui m'apparaissent. Je ne saurais pas voir si écrire modifie le déroulement des pensées de mon sommeil.... Je me souviens avoir constaté une pagaille monstre dans mes idées, mais seulement par manque de structure. C'est sans douleur! Sans celle que j'ai trimbalée toute la soirée en passant au centre équestre de l'UCPA de la Courneuve... J'avais comme un désespoir fou de me sentir identique à mes vécus équestres passés. Le temps n'a aucune empreinte... Emotion immuable, à vie! Ça me provoquait une espèce de désespoir mortifère, je me sentais pris dans un sas entre l'état de vie et l'état de mort...
Tout sens social était perdu! Il n'y avait plus de sens à rien... J'avais la douloureuse impression de végéter au milieu des acivités humaines, d'être un parasite... Un poison?
J'ai regardé le film de Valérie Mrejean puis la conférence de Deleuze sur l'esthétique au cinéma...
Donc ce matin, la soupe dans la tête, tout en vrac, simple constat. Plus rassurant qu'hier où ça faisait mal, où je me sentais décollé du monde des autres, détaché, posé là dans un espace de non-droit, de non légitimité... L'après-midi, je lis une brochure sur la république!
Impression très nette: j'attend que ma mère joue son rôle, qu' elle me transmette par la parole ce que je n'arrive pas à intégrer affectivement: mon rôle social... Ma mère n'aurait-elle fait que survivre?...
Ainsi la soupe du premier réveil, je n'ouvre pas les yeux, je sens la même chose qu'à mon retour du centre équestre... Deuxième réveil, pensées en vrac: sensations, souvenirs, amours, désirs... Le quotidien d'hier que je n'avais encore jamais vécu, ainsi se clarifie avec le reste. Chaque élément va se ranger dans sa case, se reconnait un lien de parenté avec les autres... L'état destructuré et douloureux dans lequel j'étais, me donne l'impression d'un produit chimique-souvenir que l'on dépose dans une solution-structure mémoire provoquant une émulsion lente et progressive qui atteint le degré de l'erruption volcanique où tout est craché, éparpillé, mis à jour, comme si j'étalais autour de moi mes tripes psychiques!... La douleur de l'écorché, à vif!
Etat d'émotion extrême... Sans partage, en solitaire, au milieu des autres qui ne voient rien!... La même émotion partagée au salon du livre ou au douzième Maghreb des livres ou à Bretonneau, etc... La même qui se partage en toute convivialité et permet de faire circuler l'énergie qui se fige et fait mal dans la solitude... Ce n'est que le réel: tu partages, tu vis, tu ressens seule, tu souffres (dans certaines conditions, pas toujours bien sûr!).
Je parle, (j'écris) une émulsion, une réaction chimique amplifiante... Tout rentre alors à nouveau dans l'ordre, chaque chose à sa place... Il y a là un plaisir certain à trouver dans chaque tiroir une quantité de souvenirs de diverses importances, proches les uns des autres dans leur signifiants. Ils forment une chaîne que l'on peut articuler comme on veut, je le fais souvent chronologiquement, comme un jeu de construction pour enfant, tout prêt et chaque fois rénové d'une nouvelle pièce qui lui apporte son actualité... Une sorte d'esthétique du quotidien.
Pensée vague, en cours d'élaboration autour d'une idée: le don. Quelle est l'authenticité du don? Pas seulement donner pour donner mais savoir pourquoi on donne et comment on donne. Trouver la vraie valeur du don...
Vingt trois heures trente, tout semble à nouveau à sa place. Je me sens neutre et dans la possibilité de disposer de moi-même.

§ 4 - LE REVEIL
La sonnerie coupe brusquement le cours de mes pensées. Celles-ci tentaient de s'articuler tant bien que mal comme d'interminables connections sur une page d'ordinateur!... Quand la sonnerie retentit, il ne reste plus rien, comme si tout s'était envolé!
Je me réveille calmement, la pensée plate... On dirait qu'il n'y a rien que le programme établi la veille. Je m'étonne de ne pas sentir rôder en moi la remise en question de sa légitimité. Ça a l'air OK, il n'y a pas de remise en cause... Tout arrive en fait au moment de mettre des chaussures. Je ne sais même pas qu'il me faut les mettre, je sais seulement, un peu, que je dois m'habiller supplémentairement! Mais en fait quelque chose apparaît soudain dans ma tête au moment où je conçois l'acte à mettre en action et que je l'exécute. Cet acte simple et naturel installe soudain une chappe de doutes: mes activités personnelles sont résolument dérisoires et même pitoyables! Ce n'est pas l'acte lui-même qui l'est mais le dénuement de la situation: aller à l'hôpital , récuperer les radios, passer au club du quartier, manger cent grammes de pâtes chinoises... Que se passe-t-il donc?
Pour supporter et peut-être accepter, je prend des photos. A chaque photo je place une intention précise et dessinée, qui note en fait une sorte de souffrance de l'instant, une déchirure à être au milieu des autres, à les voir, les entendre... Je vois "la misère du monde" de Bourdieu et j'entend les paroles rémanentes des réminiscences de chacun... Je vois combien chacun s'applique à s'en sattisfaire malgré la dérision qui le caractérise! Qui peut croire à tant d'ingénuité?

Mal à la tête imposé comme un mauvais symptôme!!! Je décide de ne pas croire à ce postulat. Aujourd'hui, j'attend un coup de fil miracle. Je m'assois, le mal de tête disparait! Le soleil dessine la fenêtre sur le mur...
J'ai le souvenir d'avoir cherché mes propres définitions sur les mots d'hier dans le cabinet du consultant. Le souvenir d'avoir résisté pour ne pas me faire ranger dans des catégories établies et décrétées pour moi. Je me souviens l'avoir entendu accepter de nouvelles nomenclatures et qu'il les a prises en compte, ce qui m'évite de croire à la folie et me permet au contraire de croire au développement de ma pensée même si elle s'exprime mal à propos à certains moments! J'ai le souvenir d'en être arrivé à faire un consensus avec moi-même sur le refus d'occulter et de faire disparaître les moments d'absence, sous des déguisements d'activisme(gym ou autre animation...). J'ai le souvenir de tout ça mais surtout celui de ne pas perdre ce que la misère existencielle m'apporte: une conscience des phénomènes d'absence que l'autre peut avoir en particulier quand l'angoisse l'occupe et le détourne de la prise de conscience. Il est tellement facile alors, de lui faire approcher sa vérité en confirmant sa plainte par une écoute en miroir de sa plainte! Cette articulation de soi dans le miroir de l'autre... Et grandir, grandir à tout âge! Sans misérabilisme, sans culpabilité... En toute simplicité!
Si je ne veux pas être esclave de ce désinvestissement morbide, je ne souhaite pas m'en débarasser non plus. Je veux pouvoir en faire un outil de travail efficace!
Je peux être plus ou moins plombée. Où est, où sont les nuances subtiles de ces nuances de l'intrusion, des mouvements d'entrée et de sorties, de proximité plus ou moins envahissante de l'état morbide? Comment peut se décrire l'histoire à chaque moment du phénomène?
... Le corps m'abandonne, il ne répond plus... Simple état de fatigue qui, en prenant sens, justifie l'appélation "contrôle" de dépresion... Pourtant il y a perte de sens des activités dont le corps seul permet le passage à l'acte. Il agit comme par soustraction, par retrait.

Cette fois-ci le sommeil ne me semble pas avoir changé quoique ce soit. Puis après avoir somnolé à deux reprises, le corps se plombe comme s'il ne voulait plus bouger. Je pense aux flyers que j'ai ramassés hier. La curiosité me pousse, je l'assouvi. C'est alors que je prend conscience de la place protectrice occupée par le consultant. J'y vois de plus en plus précisément la place de mon frère et du rôle de protection que je lui ai fait jouer à partir de son "sauvé la vie" bien réel!
J'avais vingt cinq ans, je préparais mes examens. Il en aurait eu trente deux, c'est l'âge que je donne au consultant.
Cette protection est finalement bien précise dans mes souvenirs. Je l'ai élaborée dans les jours qui ont suivi la noyade dont il m'a sauvé. J'ai vécu cette protection pendant les deux ans qui l'ont séparé de sa mort, cette mort qui a rompu le processus. Ce matin, je sens la possibilité de reprendre ce processus en pleine conscience. C'est la pensée de cette protection qui est tangible dans nos entretiens, cette pensée m'appaise.

Quand je n'ai pas les idées mornes mais que j'ai du mal à me sentir OK, je peux mettre ce OK en doute et en chercher la cause. C'est alors que je me sens très précisément rassuré par le prochain rendez-vous. Tout comme j'étais rassuré par la pensée de mon frère, rassuré qu'en cas de danger, il pouvait me sauver la vie. La preuve en était qu'il l'avait déjà fait! En revenant sur cet évènement, j'affirme ne pas m'être jeté à l'eau dans l'idée qu'il pouvait venir à mon aide en cas de besoin. Je ne me suis pas douté une seule seconde non plus, que l'acte que j'effectuais pouvait devenir un échec et encore moins mettre ma vie en péril! En fait, je n'ai jamais su ce qui s'était réellement passé entre la deuxième fois où ce garçon qui se noyait m'avait enfoncé dans l'eau et le moment où je me suis réveillé, assis sur les galets de la minuscule plage, derrière ce rocher glissant. Mon frère était assis là, à côté de moi, dans la même position que moi, le bras droit autour de mes épaules. J'avais les bras croisés sur mes genoux repliés supportant mon front... Première sensation de ma propre mort. Mais en place d'être plus prudent, de réfléchir aux dangers de certains actes et de celui-là en particulier, je ne me souviens d'ailleurs aucunement en avoir parlé avec quiconque, j'ai plutôt investi l'évènement de ce "sauvé la vie" dont je me trouvais impressionné au sens propre du terme! Il est clair que cette impression perdure encore... Elle apparaît dans des situations variées. Le danger s'est transformé en trouble psychologique et le sauveur apparaît par flash, figure protectrice très subtile... avec un mélange de non-dit consensuel lié à une valeur fraternelle de la relation et de transmission de savoir mêlé au transfert. C'est en prenant conscience de l'élaboration d'un transfert possible et le réalisant du même coup que ce phénomène délicat et plus ou moins réussi se produit. Lorsque le transfert se déclanche librement, une relation très particulière s'installe immédiatement. Un espèce d'affect de reconnaissance s'installe, que l'autre me renvoit. Quand j'ai joué le "journaliste" avec le questionnaire au club des séniors, je me suis mis volontairement dans cet échange de confidence totale, d'attention délicate et de désir de transmission.