samedi 18 août 2007

FABULATION et PRECARITE


§ 7 - FABULATION
L'autre jour, je sentais mon corps léger et svelte. J'ai pensé que c'était comme ça que je devais le sentir étant enfant. Je dormais encore, c'était le matin... Toute la nuit, j'ai révé d'un texte qu'une militante communiste m'a donné, qu'elle a reconstruit et que j'allais écouter... J'ai révé d'un poulain qui naissait d'un coup: un jeune se vantait de l'avoir lui-même expulsé!
J'attend des heures avant de me lever et de travailler... Des heures pour que mûrisse le souvenir de ces actes accordés hier à une quidam. Il ne reste que cette envie de vomir, ce dégoût, cette négation de moi-même. J'ai très bien senti et observé la montée du phénomène d'attirance-répulsion comme si et de fait, je le connaissais par coeur! Et là, pour contrebalancer ça: le rien, seule une solitude immense, un désert absolu! En cette place-là, personne!... Un endroit où jamais personne ne vient, même pas ceux qui sont désignés socialement pour m'aider... Est-ce un endroit impossible à atteindre? Ignoré, inconnu? Comment se fait-il que je m'y trouve? Comment ai-je pu y entrer? pourquoi ne puis-je pas en sortir?... Je m'y sens comme enfermé... Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment je n'y serai plus? Comment serai-je sûr à ce moment-là de ne plus rien avoir à faire avec ce lieu-là?
Note: à ce moment-là de ma réflexion, l'envie de vomir m'a déjà quitté sans que je puisse dire ni comment ni pourquoi!
Autre note: comment le café constitue-t-il un réconfort?

Temps X marqué par la nette sensation que, des bras secourables sur l'objet réel de mon isolement n'existent pas, que, c'est là qu'existe mon désir de l'autre, que, ceci est sans doute le schéma d'un amour d'enfant mille fois perdu... Un amour d'enfant qui n'a jamais mûri, dont personne ne peut vouloir, ne serait-ce que par respect de mon propre individu... Alors, je joue le jeu! Devant les autres, je fais comme si ça n'existait pas, comme si c'était un autre monde, un monde imaginé de toute pièce! Fabulation... Mentir en sachant que c'est la seule façon de se faire admettre... Contradiction fondamentale d'un malaise sans fin!

§ 8 - PRECARITE
Inscription dans un tableau administratif. Objet vide et inerte... C'est moi. Puis le tableau est refait: il est illustré. Il se divise en sous-tableaux sympathiques.. Je les ai créés moi-même, tout est satisfaisant! C'est l'image visible directement dans ma conscience à la seconde fulgurante où je sors du sommeil... La journée démarre là-dessus, je me sens en pleine possession de mes moyens.
Ou bien, la partie de ma tête qui repose sur l'oreiller est prise de fourmillements, au bord de l'insensibilité. J'entre, dès lors dans un processus d'angoisse... Un seul désir: me rendormir. Rève: Le temps d'un silence, ma compagne vient de disparaître sous mes yeux: je la vois soudain fixer un point très proche dans le crépis du mur, le temps de le trouver et son image disparaît.Je suis persuadé qu'elle vient d'effectuer un déplacement astral. Je me sens littéralement transporté dans la joie!... En fait, je me sens extrêmement fatigué, j'ai très mal aux jambes. Je n'arrive pas à croire que cette douleur soit aussi intense, je me rappèle avoir couru en montant quelques escaliers mais c'est plutôt ce qui a motivé cette cavalcade qui est douloureux! Je courais après mon cartable... De le savoir perdu me renvoyait à toute la symbolique qu'il représente. Alors même que cette perte de l'objet ne constitue absolument pas la perte d'un savoir, je ressens une absence, un vide envahissant qui me bouscule , qui me pousse à agir dans l'urgence sans que je sache quoi faire...
Suis-je simplement envahi par l'angoisse d'une perte ou bien s'agit-il de la souffrance de toutes les pertes que j'ai subi récemment et que je refoule? Refoulement ou souffrance qui profite de ce lapsus de cartable oublié dans le métro, pour occuper le terrain... S'il y a refoulement, ce n'est pas systématiquement de ce qu'on aurait voulu garder, je refoule aussi ce que je veux ne jamais revoir. Un lieu-piège, lieu douloureux. Un lieu à fuir pourtant seul lieu actuel qui constitue le "chez-moi". Il s'agit de passer de mes multiples lieux de logement d'étudiant, occupés avec bonheurs et péripéties innoubliables à un no man's land: une fuite puis une mise à la rue volontaire... Interdiction, coup de boule, prison... J'ai mal, profondément mal! Coup de boule pour rien, simplement parce que je suis là, à nouveau là où je ne veux plus être et que c'est comme ça quoique je fasse, quoique je cherche à prouver, quelque reconnaissance que j'obtienne... Pourtant, je vais partir, je déménage, tout ça n'a donc pas servi à rien!... Suis-je dans un rève ou dans la réalité? S'agit-il d'un passé auquel je ne peux me soustraire? Ne peut-on pas "gommer" le passé? M'y suis-je "trop" coltiné et le voilà qui me colle après?
Sensation de faire n'importe quoi, de n'avoir aucune consistance.
Sensation de ne pas savoir ce que je fais, d'en être incapable.
Je me surprend en train de faire des choses qui n'ont pas de sens tout en ayant l'air de choses banales.
Un secours instantané traverse mon esprit du côté de tous ceux qui m'ont aidé par le passé, à travers des paroles de dédramatisation.
Des paroles de normalisation des troubles que j'ai moi-même dénoncés.
Des paroles qui me donnent le droit d'user de ce décalage mental.
Des paroles de garantie.
Des paroles d'impunité.
Une possibilité offerte de vivre en toute quiétude!...
Je me rebiffe brusquement: je ne veux pas de cette quiétude, je veux soudain réparation, je veux la reconnaissance! Mieux! Je veux qu'on me réclame!...
Personne ne m'entend! Personne n'inclu ce champs-là dans le processus d'aide. J'ai été largué vers un non-retour avec encouragement à ne pas regarder en arrière... "Ah oui? Vous trouvez que la machine fonctionne mal?... Pas d'problème! Vous allez prendre la porte tranquilement... On vous assiste avec des vivres et tout ce qu'il faut! Allez, vous pouvez partir et tâchez de ne plus revenir!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il m'est arrivé, tout à fait consciemment d'être profondément mécontent, découragé, irrité par ce qui paraissait devoir être un statut quo définitif (j'arrive maintenant à m'en rendre compte)
J'avais inconsciemment lutté de toutes mes forces contre tout ce qui menaçait de bouger dans notre relation que j'aimais au plus haut point!

Jak a dit…

Ce que tu exprime là, me fait penser qu'on est toujours tout seul au monde, même quand on croit être aidé...
Est-ce que je puis réellement t'aider en écrivant cela?

Jak a dit…

Je me demande ce qui t'es arrivé à la fin du compte!
Difficile de savoir tout au long des articles, s'il s'agit plus ou moins de métaphores et dans quelle mesures elles correspondent à un certain vécu!