mercredi 14 novembre 2007

LES FORMES DU DESIR

5ème § - LES FORMES DU DESIR
On dirait, comme un temps d'arrêt dans la course effreinée du délire névrotique. Un temps de répit accordé par l'inconscient, ou bien que c'est lui-même qui se repose, s'arrête, là, au bord du chemin. Simplement parce qu'une pierre plate ou un rocher en forme de banc s'offre là, au détour d'une clairière ou d'un sentier escarpé. En plus, une vue panoramique propose une structure générale paysagée où se regroupe tout ce qu'on a découvert depuis le départ. Faire le point dans le résumé, à la fois général et particulier, unique, en s'arrêtant là, en observant, en synthétisant la prise de conscience, en donnant tout son sens à la démarche!
C'est un peu, parfois, le rôle des dimanches, de ce dimanche-là! Ce dimanche où j'ai enfin parfait mon premier texte sur l'amour. J'ai enfin accepté de poser mes bagages sur cette page, j'ai ouvert mon sac à dos, chaque poche fermée me cachait son contenu. Je n'y avais accédé que par bribes, chaque fois fasciné par un objet particulier... A quoi servait cet amour sinon à en jouïr? L'observation d'une de ses "bribes" m'immergeait dans sa matière et m'autorisait à la plaquer sur un objet-souvenir ou parfois, un objet réel et de me faire plaisir au-delà du simple plaisir... Satisfaction assurée mais qu'en restait-il? Tout au moins et en un mot: rien pour moi! Pourtant, il y a d'autres saccoches à ouvrir... Mais non! On n'a plus envie de voir, on est vidé de tout désir! Justement, on pourrait croire que cela est bien... Enfin satisfait! Eh bien non! Pas du tout! Le désir étant la substance-même de la vie ne peut être comblé sans perdre sa consistance. N'existant plus, il meurt!
Aujourd'hui, j'ai posé ce fonctionnement sur une courte histoire. Je l'ai fait jusqu'au bout en dépassant la jouïssance sans la consommer ni la fabuler. Je l'ai posée avec sa possibilité à faire jouïr. C'est bien de cela qu'il s'agit maintenant: cette possibilité est le plus merveilleux de tous les spectacles, cette jouïssance-là ne meurt pas dans mon corps. Cette jouïssance-là rebondit sur toutes les formes que je veux, d'objet en objet. Objet matériel jusqu'à l'objet-sujet devant moi. Je modèle cette beauté mouvante que le désir transforme à l'infini. Si je me donne la possibilité de le voir, c'est le désir désirant qui apporte cette jouïssance, cette forme précise qui ne veut pas mourir parce qu'elle est d'un autre ordre, non pas charnel mais mental.
J'aurais pu vouloir "travailler" sur le désir sexuel mais le désir mental est bien plus maléable puisqu'il permet de multiplier les formes dans lesquels il peut s'inscrire, où il donne sens.

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